L'offensive de Wauquiez sur les "dérives de l'assistanat" fait des remous
L'offensive du ministre UMP Laurent Wauquiez contre "les dérives ...© 2011 AFP
L'offensive du ministre UMP Laurent Wauquiez contre "les dérives de l'assistanat" a provoqué lundi un feu de nourri de critiques à gauche, et a divisé son propre camp, recevant notamment un accueil glacial de sa collègue en charge des Solidarités, Roselyne Bachelot.
L'ancien secrétaire d'Etat à l'Emploi, aujourd'hui ministre des Affaires européennes, a proposé de demander cinq heures hebdomadaires de service social aux bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) et "de plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75% du Smic".
Il a aussi suggéré d'établir une durée minimale de travail pour que les étrangers puissent bénéficier du système social français.
Certaines de ces propositions figureront dans une proposition de loi déposée "dans les 10 jours" à l'Assemblée par son groupe "la Droite sociale", a-t-il expliqué, qualifiant les "dérives de l'assistanat" comme "le cancer de la société française".
L'initiative du ministre a reçu un accueil glacial de la part de sa collègue en charge des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot, qui a peu goûté cette incursion sur ce dossier dont elle a la charge.
Les propositions de Laurent Wauquiez "posent des difficultés de principe et de mise en oeuvre que je lui ai d'ailleurs signalées lors d'un entretien approfondi", a-t-elle sèchement réagi dans un communiqué.
De son côté, le secrétaire général adjoint de l'UMP, Marc-Philippe Daubresse, a fustigé l'"irresponsabilité" de M. Wauquiez et a demandé que l'UMP mette cette question à l'ordre du jour de son prochain bureau politique mercredi.
Cependant, la direction nationale de l'UMP lui a apporté son soutien, l'entourage du secrétaire général Jean-François Copé qualifiant ses propositions de "contribution importante" à la prochaine convention du parti sur la "justice sociale", le 8 juin.
Le père du RSA, Martin Hirsch s'est indigné de la proposition "ne tentant pas debout", selon lui.
"Tous les coups ne sont pas permis face à la vulnérabilité des gens", a-t-il lancé, en rappelant que les allocataires étaient obligés de rechercher un emploi.
La gauche s'est, elle, montrée unanime dans ses critiques.
"Toute l'idée de Wauquiez c'est de dire que ceux qui sont dans cette misère c'est parce qu'ils le veulent bien", a réagi le sénateur PS David Assouline, lors du point presse hebdomadaire du parti, alors que la députée communiste Marie-George Buffet a reproché au ministre de "rameuter l'électorat d'extrême droite".
Pour sa part, le FN, qui prône la suppression des minima sociaux pour les étrangers, a lui aussi critiqué les propositions du ministre, appelant le gouvernement à ne pas considérer les Français comme des "assistés".
Le milieu associatif a vertement réagi. "Le cancer de la société, ce n'est pas l'assistanat mais le chômage", a dit à l'AFP Bruno Grouès, de l'Uniopss tandis que la Fnars, une autre importante fédération associative, a dénoncé des propositions "très démagogiques".
Côté syndical, la CFDT s'est indignée par la voix de son secrétaire national Laurent Berger: M. Wauquiez se "dit de la Droite sociale, mais ça frise plutôt avec la droite extrême".
Pour Alice Brassens, une experte de l'Ansa (structure qui a expérimenté la mise en place du RSA), les heures de service social évoquées par le ministre s'apparentent à des travaux d'intérêt général, qui relèvent aujourd'hui de "décisions des juges et sont des mesures punitives".
"On a tout le concert des bien-pensants", a ironisé lundi Laurent Wauquiez, se félicitant d'avoir lancé un "débat salutaire".