Affaire Bettencourt: des enregistrements sonores en libre écoute
POLEMIQUE•Le site Mediapart diffuse directement des extraits de conversation entre Patrice de Maistre et Liliane Bettencourt...C. F.
Fort du constat qu'«Eric Woerth n'a pas démissionné du gouvernement» et qu'«aucun juge indépendant n'a encore été désigné», Mediapart a décidé de mettre en écoute directement sur son site des extraits des conversations entre Liliane Bettencourt et le gestionnaire de sa fortune, Patrice de Maistre.
Pour rappel, ces discussions auraient été enregistrées clandestinement entre mai 2009 et mai 2010 par le maître d'hôtel de la milliardaire au domicile de cette dernière. Elles ont ensuite été transmises à la police par l'unique fille de l'héritière de L'Oréal, Françoise Bettencourt-Meyers.
Le premier extrait, mis en ligne également sur Dailymotion et donc accessible gratuitement, date du 4 mars 2010. Il permet d'entendre Patrice de Maistre qui demande à Liliane Bettencourt de signer des chèques à signer à l'attention de Valérie Pécresse (candidate UMP pour les régionales en Ile-de-France), Eric Woerth (alors ministre du Budget et trésorier de l'UMP) et Nicolas Sarkozy. «Ce n'est pas cher, c'est le maximum légal, 7500», plaide-t-il, expliquant: «En ce moment, il faut qu'on ait des amis» La voix de Patrice de Maistre, qui parle lentement et distinctement, visiblement pour se faire comprendre, est parfaitement audible, tandis que les réponses de Liliane Bettencourt sont à peine intelligibles.
Les trois autres extraits sont accessibles uniquement pour les abonnés au site de Mediapart. Il y est question du rôle joué par l'Elysée dans la procédure judiciaire qui oppose la fille de Liliane Bettencourt au photographe François-Marie Banier, soupçonné d'avoir abusé des largesses de la milliardaire. Le premier date du 12 juin 2009, le deuxième du 21 juillet 2009 et le troisième du 23 avril 2010, soit quelques semaines avant l'ouverture du procès du photographe début juillet.
On y entend Patrice de Maistre citer à plusieurs reprises Patrick Ouart, le conseiller judiciaire de Nicolas Sarkozy, qui «l'aime beaucoup» et le convoque au moins deux fois au palais de l'Elysée pour lui faire part des avancées de l'affaire sur le plan judiciaire. Dans le 2e extrait, on apprend notamment que le procureur Courroye va annoncer le 3 septembre que la demande de Françoise Bettencourt-Meyers est irrecevable. Ce qui fut effectivement le cas. Dans le 3e extrait, Patrice de Maistre explique à l'héritière que Patrick Ouart lui a confié que «le Président [continuait] de suivre cette affaire de très près. En première instance, on [l'Elysée] ne peut rien faire de plus mais en cour d'appel, si vous perdez, on connaît très très bien ce procureur»...