POLITIQUELes Républicains: Les défis de Laurent Wauquiez, patron de la droite

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POLITIQUELaurent Wauquiez, prochain président du parti Les Républicains, a plusieurs défis à relever pour reconstruire son parti…
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

L'essentiel

  • Laurent Wauquiez a été élu président du parti Les Républicains ce dimanche 10 décembre, avec 74,64% des suffrages exprimés.
  • A la tête du parti, ses défis sont multiples: l'élaboration d’une ligne politique, le rassemblement au sein de son mouvement, ou encore l’instauration d’un discours audible pour l’électorat populaire.

Sans suspense, le nouveau président du parti Les Républicains (LR) se nomme Laurent Wauquiez, l’actuel président de la région Auvergne-Rhône Alpes. Jusqu’alors vice-président de LR, l’homme a plusieurs défis à relever pour reconstruire sa formation divisée, puis défaite à la présidentielle et aux législatives. 20 Minutes revient sur les grands dossiers qui attendent Laurent Wauquiez comme chef du parti de droite…​​

  • Rassembler le parti

Les sarkozystes, juppéistes, fillonistes, ex-copéistes… les divisions rythment le quotidien du parti de droite, avec une accélération depuis 2012 et la défaite de Nicolas Sarkozy. Cinq ans plus tard, les ambitions des uns et des autres font rage : Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, estime auprès du Point qu’il « aurai [t] pu gagner » la présidence des Républicains s’il s’était présenté face à Laurent Wauquiez. Il promet que « l’affrontement aura lieu » avant la présidentielle de 2022: « Ne vous inquiétez pas, d’ici quatre ans, l’affrontement aura lieu. Wauquiez nous aura toujours dans le paysage, Valérie [Pécresse] et moi », prédit l’ancien ministre.

Les micro-formations, sur le modèle du mouvement La République en Marche version 2016, se multiplient à droite. La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a créé « Libres ! », à la suite de « Sauvons la droite » du député Daniel Fasquelle, et avant « La France audacieuse » du maire de Nice Christian Estrosi ou « Oser la France » du député Julien Aubert. Autant de mouvements qui tendent à grignoter l’unité du parti, malgré les paroles d’apaisement de leurs chefs de file.

  • Etre un chef

Dans la perspective de « rassembler » la droite, Laurent Wauquiez a fait un geste en proposant la présidence du Conseil national, le « parlement » du parti, à Valérie Pécresse. « Réunir le parti et en être le chef représente le défi le plus urgent à régler, car il y a un risque de scission », juge le politologue Eddy Fougier. Selon ce consultant, le « rassemblement » passe par une synthèse des différents et la nomination d’une nouvelle génération. « Encore faut-il que cette nouvelle génération ne fasse pas "jeunes-vieux", jeune par l’âge et vieux dans les discours… », prévient-il.

Laurent Wauquiez arrivera-t-il aussi à créer l’union sans user d’autoritarisme ? Car même parmi ses soutiens, on évoque sans difficulté le caractère impérieux du chef. « Laurent va devoir travailler sur sa manière d’être », confie à 20 Minutes un parlementaire qui a participé à la campagne de Laurent Wauquiez. « Il n’a pas peur du conflit, ce qui est bien, mais il est dans la pression. Les clefs de bras par SMS la nuit, ça passe moyen », glisse cet élu.


  • Arracher la position de chef d’opposition

Autre défi majeur : celui de l’incarnation comme chef de l’opposition face au président Emmanuel Macron. « Face à Jean-Luc Mélenchon, premier opposant autoproclamé à Macron, et Marine Le Pen, qui, même en difficulté, reste une voix d’opposition, Laurent Wauquiez va devoir rapidement trouver sa place pour prendre le rôle de premier opposant au pouvoir », détaille le politologue Eddy Fougier. Reste à trouver les dossiers à porter, quand les mesures économiques du gouvernement sont saluées à droite…

  • Redéfinir la ligne du parti

Laurent Wauquiez, qui a fait une campagne à droite toute, continuera-t-il sur une ligne proche du Front national, comme l’affirment ses détracteurs ? Le sénateur Roger Karoutchi, soutien de Laurent Wauquiez, pariait récemment auprès 20 Minutes sur un recentrage du candidat après son élection : « On est dans [le temps de] l’élection. Forcément, il faut faire plaisir aux adhérents qui votent, qui sont inquiets (…) Le discours est serré pour les militants, puis, forcément, on rassemble ensuite », selon le parlementaire.

Par ailleurs, quelle est la vision de la droite sur l’Europe, quand pro-européens et souverainistes s’opposent au sein du parti ? « La question de l’Europe divise la droite depuis les années 1980, et elle n’a jamais été résolue. Sauf qu’il va falloir rapidement trancher, alors que les élections européennes sont programmées en 2019 », avance Eddy Fougier.

  • Parler aux classes moyennes et populaires

Reste la question des électeurs. La droite réussira-t-elle à convaincre l’électorat populaire, qu’elle a perdu après 2007 ? Patrick Stefanini, ancien directeur de campagne de François Fillon, analyse dans son ouvrage Déflagration (éd. Robert Laffont) la défaite du candidat de droite en 2017. Celle-ci est le résultat des divisions de la droite, du manque d’unité avec le pôle dominé par François Bayrou et de la perte des électeurs populaires et d’une partie des classes moyennes, juge le haut fonctionnaire. Une analyse partagée dans La Voix du Nord par Gérald Darmanin, ex-élu LR passé à la macronie. « Désormais, les Républicains sont une droite de plus en plus bourgeoise et conservatrice qui défend le tabac, le diesel et les retraités les moins modestes qui gagnent plus de 2.500 euros », juge l’ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy.

« Le discours sur la droite décomplexée à la Nicolas Sarkozy ne passe plus en 2017. Le défi de Laurent Wauquiez de faire revenir les classes moyennes et populaires à droite va être compliqué », avance le politologue Eddy Fougier. « Car, aux dernières élections, l’électorat populaire a plus facilement voté pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, quand les classes moyennes se sont portées sur Emmanuel Macron. Et jusqu’à maintenant, la droite de Laurent Wauquiez ne porte pas de discours pour les faire venir aux Républicains », juge-t-il.

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