Parti socialiste: «La gauche se trouve ailleurs dorénavant»
VOUS TEMOIGNEZ•Sympathisants d’un PS en sale état, ils naviguent entre désillusions et espoir d’un renouveau…Tristan Lescot
L'essentiel
- Le Parti socialiste est plus faible que jamais depuis sa défaite cuisante à la présidentielle et aux législatives
- Les finalistes des primaires, Manuel Valls et Benoît Hamon, ont décidé de quitter le parti
- Un congrès se tiendra en 2018 pour redéfinir la ligne politique
C’est la désillusion finale et les lendemains qui déchantent pour le Parti socialiste. Jamais depuis sa création en 1969, le PS n’avait connu une défaite si cuisante à la présidentielle et aux législatives. Abîmé par l’impopularité du quinquennat Hollande, rongé par les divisions entre légitimistes et frondeurs, le parti est en lambeaux.
La démission tardive du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, les départs successifs de Valls et de Hamon, l’un pour rejoindre la majorité présidentielle, l’autre pour créer son mouvement dans l’espoir de refonder la gauche, n’ont rien arrangé.
Quant à la quarantaine de députés restants, ils se scindent entre soutien « vigilant » au gouvernement Philippe et opposition ferme à tout compromis. Preuve, s’il en était besoin, que les socialistes n’ont plus d’orientation claire. Pris en tenaille entre l’hyperprésidence centriste de Macron et l’OPA agressive de Mélenchon sur l’ensemble de la gauche, le PS a-t-il encore un avenir dans le paysage politique français ?
De quoi, en tout cas, déboussoler sinon déprimer les militants et sympathisants socialistes. Sur la page Facebook de 20 Minutes, vous avez été nombreux à réagir, partagés entre dégoût, déchirements et… espoir d’un renouveau.
« Le Parti socialiste doit et va disparaître »
Pour Louis, « le Parti socialiste doit et va disparaître ». À 20 ans, il reconnaît pourtant une « vraie proximité partisane » avec le PS, version Benoît Hamon, et croyait sincèrement aux changements revendiqués par Hollande. Un quinquennat plus loin et...l’impression d’un énorme gâchis : plus aucune écoute de la base militante et des idéaux remplacés par des mesures libérales (CICE, Loi Travail, etc). La reconquête, à son sens, doit se passer au niveau local par la création de multiples mouvements de gauche « poutres d’une nouvelle maison dont les architectes doivent être les militants ».
Dylan se souvient, comme d’autres, qu’en 2012, le Parti socialiste avait tous les pouvoirs : la présidence, l’Assemblée nationale, les régions, les mairies et même… le Sénat. Amer, il analyse qu’à la sortie, les socialistes ont « déçu tout le pays en pratiquant une politique de droite ». Il conclut, implacable : « La gauche se trouve ailleurs dorénavant ».
Divorce en marche
Et certains militants du Parti socialiste de la première heure ont finalement choisi de rallier le camp d’Emmanuel Macron. C’est le choix assumé par Fabrice : « J’ai fini par voter LREM parce que les socialistes avaient fini par me décevoir. Ils ratent l’évolution avec la société, enfermés qu’ils sont dans leur bulle solférinienne, pour en venir à être totalement déconnectés de la réalité vécue par les Français. Ceux de gauche ont commencé à se sentir perdus. » Sans « un changement certain de look, de méthode et de pensée », Fabrice ne retournera pas à sa famille d’origine.
D’autres sont plus optimistes, à l’image de Jérôme : « La déroute du PS fera du bien au parti car la branche de droite a montré son visage vénal. Le PS était trop naïf, sa dissolution devrait être envisagée pour créer un vrai parti social. »
« Les Français-es nous feront à nouveau confiance »
Slimane voit plutôt l’espoir venir de l’intérieur. S’il reconnaît que le PS changera peut-être de nom, il croit fort à l’avenir de cette « troisième voie » entre « sérieux et gauche de gouvernement » : « Cela va se faire sous une autre forme. Nous serons plus proches du Front populaire de 1936 que de 1997 car la République en Marche a remplacé le vieux Parti radical d’antan. Dans 5 ans, si elle se rénove, si elle se renouvelle, la ligne politique sera claire. » et d’imaginer déjà le Parti socialiste revenir au pouvoir : « Les Français-es nous feront alors de nouveau confiance. »
Jocelyn, aussi, aperçoit une éclaircie avec le prochain Congrès de 2018 : « Beaucoup veulent en profiter pour relancer la Gauche dans son ensemble, en fédérant les différents mouvements de gauche, dont La France insoumise, autour d’un programme commun, à l’image de ce qu’a construit Mitterrand dans les années 70. » Entre la vision sociale-démocrate de Slimane et celle de Jocelyn souhaitant une fédération des gauches, existera-t-il la possibilité d’un avenir rose et… réconciliable ?