VIDEO. Présidentielle: Comment Fillon a planté les agriculteurs au dernier moment
ELECTIONS•Le candidat LR a annulé ce mercredi sa visite au salon de l’agriculture au dernier moment…Julien Laloye
Grosse poilade mercredi matin Porte de Versailles. Le suiveur était pourtant un peu ronchon de s’être levé aussi tôt, mais il attendait ça avec impatience. Pensez donc, François Fillon qui va croiser des vrais gens au salon de l’agriculture, ça faisait un moment. Presque un mois, en fait, que le candidat de la droite fuyait le contact avec les Français, à base de tables rondes, de discussions dans des médiathèques, et de sélection soigneuse de ses déplacements couverts par la presse, pour ne pas donner du grain à moudre aux opposants.
« Ce n’est pas le Titanic non plus »
Le communiqué tombe à 8h13, 8h12, selon les sources : « François Fillon reporte sa visite au salon de l’agriculture, une nouvelle date vous sera communiquée ultérieurement ».
Regards affreusement gênés de certains membres de son équipe de campagne, levés eux aussi dès potron-minet pour l’occasion. Dimitri Lucas, l’un de ses attachés de presse, tente de garder la face en proposant pour rire une invitation à déjeuner à tous les médias présents, cachant bien mal qu’il était aussi peu au courant que nous.
aDominique Bussereau,l’ancien ministre de l’Agriculture qui devait accompagner le candidat tout au long de la visite, débarque en imper et chapeau, comme dans un bon film d’espionnage des années 1980 en Allemagne de l’Est. « C’est vous qui savez tout, moi je ne sais rien. Ce n’est pas l’événement de l’année, ce n’est pas le Titanic non plus. C’est certainement un problème politique ». Tout le monde pense à une convocation dans la nuit dans le bureau du juge Tournaire pour répondre de la présumée affaire Penelope, aussitôt démentie par son avocat, contacté par L’Express : « Les juges doivent respecter un délai de dix jours minimum avant de pouvoir convoquer mon client ».
a« On aurait bien aimé discuter avec lui »
La rumeur bruisse soudain d’une conférence de presse improvisée au QG de campagne sur les coups de midi, où les pontes du parti se rendent un par un dans la matinée, alors que la réunion, prévue entre Fillon et les parlementaires à 11h30 est elle aussi annulée. Interrogé par LCI, le vice-président du parti LR Laurent Wauquiez, « espère que la visite n’a pas été annulée pour une raison de sécurité ». « Je ne vais pas me livrer à des spéculations » glisse prudemment sur Inter le député Jérôme Chartier, proche soutien de François Fillon, avant de ressortir le mantra du patron sur « la situation quasi insurrectionnelle » qui entourerait sa campagne
Provisoire ou pas, le renoncement est désastreux et renvoie l’image d’un candidat aux abois, qui aura bien du mal à rattraper le coup auprès des agriculteurs, déjà très tentés par le vote FN. « C’est dommage, on aurait bien aimé discuter avec lui comme on l’a fait avec Marine Le Pen, ironise Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des produits laitiers. Il a l’air d’avoir quelques problèmes d’agenda, on attendait pourtant d’entendre ses propositions ». Cédric, le propriétaire de Fine, la vache d’honneur du salon, avait lui aussi été réquisitionné à l’aube pour la caresse traditionnelle d’un candidat majeur en visite. Il a reçu un texto comme tout le monde à 8h10. « Je vous laisse juge de savoir si ça va lui porter préjudice auprès des agriculteurs. Moi je ne me place pas sur ce plan-là, si François Fillon était venu, je lui aurais parlé de mon métier et des Pie-Noir bretonnes ». Ça semble mal embarqué.