ENQUETEMediapart et «Marianne» publient un rapport qui accable Marine Le Pen

Emplois fictifs d'assistants parlementaires européens: Mediapart et «Marianne» publient un rapport qui accable Marine Le Pen

ENQUETELe rapport de l’Office européen de lutte contre la fraude met en cause la présidente frontiste...
Clémence Apetogbor

C. Ape.

François Fillon n’est pas le seul à être dans la tourmente. La justice française enquête également sur plusieurs assistants parlementaires européens d’eurodéputés du Front national.

L’Office européen de lutte contre la fraude (l’Olaf), qui a aussi enquêté sur ces emplois, dont certains sont soupçonnés d’être fictifs, a transmis à la justice française son rapport en juillet. Mediapart et Marianne publient ce jeudi des extraits de ce document, qui pourraient venir ébranler la défense de Marine Le Pen, qui a toujours nié ces allégations d’emplois fictifs.

En décembre 2016, le parquet de Paris s’est saisi de l’affaire, ouvrant une information judiciaire (après avoir d’abord ouvert une enquête préliminaire) pour abus de confiance, recel d’abus de confiance, escroquerie en bande organisée, travail dissimulé, faux et usage de faux.

7 237 euros net pour un trois quarts temps

Les investigations portent sur la période allant de 2010 à 2014 et s’appuient en partie sur l’enquête de l’Olaf, qui a étudié les activités des douze assistants parlementaires employés par le FN. Dont Thierry Légier, garde du corps des Le Pen depuis 1992, souligne Mediapart. « Après un premier contrat de quatre mois, en 2009, Thierry Légier (…) en a signé un second du 1er octobre au 31 décembre 2011. Il bénéficiait alors d’une rémunération mensuelle de 7 237 euros net pour un trois quarts temps. » L’équivalent de « 9 649 euros net à temps plein », précisent les enquêteurs de l’Olaf, qui ont tiqué sur cette rémunération qualifiée d'« extrêmement élevée », explique Marianne.

A la lecture des extraits publiés par Marianne et Mediapart, on apprend que l’Olaf estime que Marine Le Pen a produit un bulletin de salaire et un contrat de travail « apparemment faux » et que « Marine Le Pen a reconnu, d’une part, que les bulletins de salaire établis sur la période d’octobre à décembre 2011 (…) n’ont jamais été payés au bénéficiaire indiqué, Thierry Légier, et que, d’autre part, elle n’avait pas employé Thierry Légier pendant ces trois mois ».

L’Olaf en collaboration avec les policiers français

« L’objet de cette opération aurait été d’obtenir du Parlement la régularisation de dépenses de salaires et charges antérieurs qui n’avaient pas été payées par ce dernier », indique plus loin le rapport. Ainsi, les bulletins auraient été utilisés pour obtenir le remboursement de frais. « Les faits en question pourraient être constitutifs d’infractions pénales d’abus de confiance, voire d’escroquerie, ainsi que de faux et d’usages de faux, selon les dispositions respectives du Code pénal français », poursuit le document.

« Les fonctionnaires de l’Olaf ont assisté les policiers français dans l’exploitation des données saisies dans le cadre des perquisitions. Les enquêteurs doivent établir les faits qui sont susceptibles d’être poursuivis, ceux qui ne le sont pas, et ceux qui sont prescrits », peut-on lire sur le site de Mediapart. Le pure player souligne que l’Olaf est un organe administratif qui mène des enquêtes et livre ensuite ses recommandations. S’il estime que des poursuites sont justifiées, il transmet ses conclusions au Parlement européen et aux autorités du pays concerné, et c’est ce qui s’est passé dans cette affaire.

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L’OLAF chiffre à 339 000 euros le préjudice présumé et a demandé en août dernier au parlement européen de lancer une procédure de recouvrement à l’encontre de Marine Le Pen. Cette dernière, qui doit rembourser un peu moins de 300 000 euros au Parlement européen,a catégoriquement refusé.