SOCIALISMEAprès la victoire de Hamon, les signes d'un éclatement du PS se multiplient

Primaire à gauche: Après la victoire de Hamon, les signes d'un éclatement du PS se multiplient

SOCIALISMELe vainqueur de la primaire socialiste Benoît Hamon doit s’atteler dès ce lundi à la difficile mission du rassemblement du PS…
Laure Cometti

Laure Cometti

Une poignée de main très chorégraphiée. Benoît Hamon et Manuel Valls se sont prêtés à ce geste symbolique après l’annonce des résultats de la primaire dimanche. La large victoire de l’ex-frondeur sur le réformiste risque de mener le Parti socialiste à l’implosion. Si le mot de rassemblement était sur toutes les bouches au QG de Benoît Hamon dimanche, les prémices d’un divorce sont déjà là.

1. Les ralliements d’élus socialistes vers Macron s’enchaînent

Il n’a pas attendu longtemps. Une heure après l’annonce des résultats, le député du Cantal Alain Calmette a annoncé son soutien à Emmanuel Macron dans une lettre publiée sur Twitter.

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Comme lui, d’autres élus socialistes disent se sentir plus proches de la ligne « progressiste » du candidat d’En Marche. Le bal des ralliements s’est poursuivi avec le député de Maine-et-Loire Marc Goua et le sénateur de la Loire Maurice Vincent.

D’autres députés pourraient leur emboîter le pas. Dominique Baert (Nord) a taxé Benoît Hamon de « faux frère » dans La Voix du Nord. René Dosière (Aisne) a annoncé ce lundi qu’il ne voterait pas Benoît Hamon. Frédéric Cuvillier (Pas-de-Calais) multiplie les déclarations favorables au candidat d’En Marche. Le maire d’Evry Francis Chouat n’a pas exclu un ralliement.

Un appel tweeté par le macroniste Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, a d’ailleurs été relayé par le compte officiel des réformateurs socialistes sur Twitter, qui relaie ponctuellement des informations sur Emmanuel Macron.

Philippe Doucet, lieutenant de l’ex Premier ministre et membre du pôle des réformateurs, a estimé ce lundi sur RTL que « moins d’une dizaine » de députés passerait à l’acte.

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Pascal Terrasse attend pour sa part « un geste » de Benoît Hamon. « Il a donné des gages aux Verts et à Mélenchon, cette main doit être ausi tendue à l’aile de Manuel Valls. Pour le moment, on se sent indésirables ou encombrants », affirme le député réformateur à 20 Minutes. « Si ça ne vient pas, je prendrai mes dispositions. Une évasion (d’élus PS) serait possible, mais pour l’instant elle n’est pas là. On a jusqu’au 15 mars [la date de dépôt des parrainages pour la présidentielle est le 17 mars] pour se parler. »

2. Certains députés PS refusent de participer à la campagne de Hamon

Une autre voie pourrait se dégager. Les députés doivent examiner mardi la proposition de l’élu de Gironde Gilles Savary. Au nom des députés du pôle des réformateurs, qui seraient une cinquantaine selon l’un d’eux, il a mis sur la table un « droit de retrait » de la campagne du vainqueur de la primaire.

« On veut être clairs vis-à-vis de nos électeurs : on a défendu auprès d’eux le CICE, la politique de l’offre, la loi travail… on ne peut pas faire campagne pour le contraire ensuite », a-t-il expliqué à l’AFP. Et d’évoquer les cicatrices du quinquennat : « Comment voulez-vous que des gens qui se sont battus contre les frondeurs soutiennent un candidat représentant ceux qui n’ont fait que leur taper dessus ? »

Rester au PS mais ne pas faire la campagne présidentielle ? « Impossible », pour Pascal Terrasse. « Ce serait comme être footballeur qui ne joue plus au foot », balaie-t-il auprès de 20 Minutes.

L’initiative irrite déjà dans le camp Hamon. « Un texte qui s’appelle droit de retrait, défendu en groupe et rendu public » sera « considéré comme une agression », a estimé Mathieu Hanotin, directeur de campagne du vainqueur de la primaire. Le candidat doit justement rencontrer les parlementaires socialistes mardi.

« Un droit de retrait serait source de tensions », juge l’historien Alain Bergounioux, membre du PS. « La ligne des frondeurs était minoritaire au congrès de Poitiers en 2015, mais 2015, c’est déjà loin », estime-t-il. « Aujourd’hui les rapports de forces sont incertains, il faudra attendre la présidentielle et les législatives pour voir si la primaire change vraiment le PS. »

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3. Une union du bout des lèvres

Temporiser, c’est justement la consigne du président du groupe PS au Sénat Didier Guillaume, directeur de campagne de Manuel Valls, qui a appelé « tous les députés et sénateurs à attendre un peu, parce que nous avons une histoire commune. Il ne s’agit pas dès le lendemain de la primaire de partir vers une autre aventure. »

Le député Luc Carvounas, s’était engagé à soutenir Benoît Hamon, du bout des lèvres. S’il « était vainqueur je ne vais pas lui mettre des bâtons dans les roues. S’il était vainqueur, je ne ferai pas ce qu’il a fait comme député contre le gouvernement de Manuel Valls. »

Dans le camp Hamon, on semble prêt à se contenter de peu. « La seule exigence si l’on gagne, c’est la loyauté », et « ne pas nuire à un candidat, cela peut suffire ».

Si Manuel Valls a garanti son soutien à Benoît Hamon dimanche, il est parti en vacances ce lundi et n’assistera pas à son investiture dimanche à Paris.

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4. Le désarroi des électeurs vallsistes

Il n’y a pas que les élus socialistes qui s’interrogent ce lundi. De nombreux militants pro-Valls, croisés par 20 Minutes à des meetings pendant la campagne de la primaire, ou qui s’expriment sur les réseaux sociaux, rejettent la possibilité de voter pour Benoît Hamon.

« En l’état actuel des choses, et vu son programme, je ne peux pas soutenir Benoît Hamon », a déclaré Pierre, 18 ans, à 20 Minutes dimanche soir. « Hamon ne sera jamais mon candidat. Il est sur une ligne dangereuse pour la République en ce qui concerne la laïcité. Ce soir, je suis orphelin », a renchéri Ahmed.

Ces électeurs déçus pourraient venir gonfler les rangs du mouvement En Marche.

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