«Je n’ai pas eu de bol sur les chiffres du chômage», François Hollande fait son inventaire du quinquennat
LIVRE•« Le Point » publie, ce jeudi, des extraits du livre « Conversations privées avec le président » où François Hollande se livre comme jamais…V.V.
Un an avant la présidentielle de 2017. C’est déjà un peu le temps du bilan pour François Hollande. Le chef de l’Etat a accepté de recevoir à 32 reprises les journalistes Antonin André et Karim Rissouli entre février 2012 et mai 2016. Conversations à bâtons rompues sur des thèmes graves comme les attentats et le chômage ou plus léger comme la photo le montrant avec Julie Gayet. Alors que le livre Conversations privées avec le président (Ed. Albin Michel) sort, ce jeudi, 20 Minutes a sélectionné les extraits les plus marquants parus dans Le Point…
- Le jour où il est devenu président « dans le regard des gens »
Le ton semble très grave. Et il y a de quoi. Revenant sur les attentats de janvier 2015, François Hollande estime que c’est la période durant laquelle il a véritablement enfilé le costume du chef de l’Etat, aux yeux des Français. « C’est la semaine […] où je suis devenu président dans le regard de beaucoup de gens. J’ai été élu, mais dans le regard de beaucoup de Français, je ne l’étais pas devenu. »
Plus loin, il détaille sa pensée. « On n’élit pas un président sur "il a fait un peu plus ou un peu moins de chômage". On l’élit parce qu’il a su parler à la nation, parce qu’elle s’est réveillée. »
- Sarkozy derrière l’affaire de la photo volée ?
François Hollande se garde bien d’accuser ouvertement son adversaire de 2012. Mais il laisse entendre que Nicolas Sarkozy serait à l’origine de la photo de lui et de Julie Gayet prise dans les jardins de l’Elysée qui fit scandale lors de sa parution dans Voici, le 21 novembre 2014. « La logique aurait été […] de changer le personnel du palais [après le départ de Nicolas Sarkozy]. Quatre employés sur les cinq affectés à l’aile privée du palais venaient du ministère de l’Intérieur sous Sarkozy… Mais je ne suis pas sûr que ça vienne d’eux. Je ne veux pas les incriminer. Ce dont je suis sûr, en revanche, c’est que c’est passé par un photographe proche de Carla Bruni. »
- A-t-il été poussé par Ségolène Royal sur la déchéance de nationalité ?
Dans ce passage, ce n’est pas François Hollande qui s’exprime directement mais ses deux intervieweurs, Antonin André et Karim Rissouli. Les deux journalistes racontent que le chef de l’Etat a ressenti le besoin de réunir sa famille pour un déjeuner à l’Elysée le dimanche 15 novembre 2015, soit deux jours après les attentats de Paris. Autour de la table, Thomas, Clémence, Julien, Flora et leurs parents : François Hollande et Ségolène Royal.
Après avoir expliqué que Nicolas Sarkozy lui a demandé d’emprisonner les fichés S, François Hollande lance une autre idée entre la poire et le dessert : la déchéance de nationalité. « Les enfants n’y sont pas favorables », racontent les deux journalistes. Pas leur mère. « Une fois de plus, Ségolène Royal est la plus dure. Sans hésitation, elle se prononce pour. » Le chef de l’Etat écoute et ne tranche pas tout de suite. Plus tard, il enflammera pourtant l’opinion publique en proposant cette solution.
- « Je n’ai pas eu de bol sur les chiffres du chômage »
Un vrai paradoxe. François Hollande raconte dans ce passage qu’il a compris qu’il ne tiendra pas son pari d’inverser la courbe du chômage quand le chiffre est enfin devenu bon. « Le chiffre du mois d’octobre 2013. Je suis en déplacement quand j’apprends qu’il y a vingt mille chômeurs de moins. C’est bien ! (…) Mais ce chiffre est trop bon trop tôt ! L’erreur, c’est d’avoir fixé l’échéance avant ‘’la fin de l’année’’ comme point d’arrivée. » Le chômage repart ensuite à la hausse et le pari est perdu.
Ce qui a, finalement, rendu le chef de l’Etat philosophe. « J’ai eu tort. Je n’ai pas eu de bol ! En même temps, j’aurais pu gagner, avoue-t-il. Mais ça n’aurait rien changé par ce que les gens sont lucides. Ils savent que ce n’est pas sur un mois que ça se joue. »