POLITIQUEManuel Valls lance son opération séduction auprès des Français

Manuel Valls lance son opération séduction auprès des Français

POLITIQUECoincé entre Hollande et Macron, le Premier ministre démarre ce mercredi soir sa série de meetings à la rencontre des citoyens…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Etre ou ne pas être dans la course la présidentielle 2017. C’est l’épineuse question existentielle qui taraude le Premier ministre à un an du scrutin. Coincé entre sa loyauté à François Hollande et des rivaux comme Emmanuel Macron ouArnaud Montebourg qui s’agitent pour 2017, Manuel Valls a donc décidé d’inaugurer ce mercredi soir une série de rencontres avec les Français. Objectif : tenter d’imprimer sa marque sur la fin du quinquennat et faire entendre sa voix avant 2017.

Pour ce premier rendez-vous, le Premier ministre a choisi son fief d’Evry (Essonne) et « un dialogue » avec les « citoyens autour de la jeunesse et de l’éducation ». Il sera accompagné de deux de ses ministres, Najat Vallaud-Belkacem (Education), Patrick Kanner (Ville et Jeunesse), ainsi que de Thierry Mandon (secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur).

« Ouvrir des perspectives »

Cette tournée, qui doit s’étaler en quatre à six dates à travers la France d’ici fin juin, vise à « ouvrir des perspectives, projeter les gens vers des pistes nouvelles, poser les ponts pour la suite », selon l’entourage du Premier ministre.

En clair : proposer autre chose qu’un compte à rebours des douze mois restants, poser des jalons pour ce que pourrait être un second quinquennat, ou, en cas de défaite de la gauche, fournir les premiers traits d’un vallsisme de reconquête du pouvoir.

S’agit-il de se placer à son tour sur la ligne de départ, dans l’hypothèse où François Hollande serait empêché ? L’entourage de Manuel Valls dément, soulignant que le Premier ministre « en a parlé avec le chef de l’Etat » et que l’initiative est « complémentaire » de l’opération « Hé oh la gauche » lancée par le premier cercle hollandais.

Manuel Valls veut surtout, jure-t-on, gommer l’idée que la gauche -comme sous Mitterrand après les législatives perdues de 1986 et 1993, puis avec la débâcle présidentielle de Jospin en 2002- ne parvient jamais à s’offrir un deuxième mandat pour « gouverner dans la durée ».

Adoucir une image crispée

L’opération lancée mercredi pourrait avoir un autre avantage : construite autour de dialogues avec les citoyens, elle peut contribuer à adoucir l’image d’un chef du gouvernement engoncé dans un rôle régalien voire caporaliste.

Une image de « raide » et de « crispé » que le Premier ministre s’emploie à corriger, selon plusieurs signaux donnés ces dernières semaines. « Je ne suis pas un pasteur luthérien suédois », se défendait-il récemment devant quelques journalistes.

« Je suis pas crispé, je suis concentré », renchérissait-il début mai dans une longue interview-portrait sur Public Sénat dans « Bibliothèque Médicis ». Tout en confessant avoir « le sang chaud », preuve en est le savon passé à Emmanuel Macron la semaine dernière à l’Assemblée.

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Eviter d’être marginalisé

Ce dialogue permettra aussi au Premier ministre de faire entendre sa voix à un moment où sa cote de popularité est au plus bas et où les initiatives se multiplient à un an de la présidentielle. Il y ale mouvement « En marche ! » lancé par Emmanuel Macron,l'« appel » à un « projet alternatif » d’Arnaud Montebourg et enfinFrançois Hollande, qui prend de plus en plus des accents de candidat.

Dans ce contexte, Manuel Valls veut avoir son mot à dire et éviter toute marginalisation, en particulier face à Emmanuel Macron, qui progresse dans les sondages et qui lui fait sérieusement concurrence sur le terrain du modernisme et du social-libéralisme.

Un proche de François Hollande n’y va pas par quatre chemins : Emmanuel Macron « est moins structuré politiquement que Valls. Mais il lui a filé un coup de vieux. Ça a même tendance à énerver Manuel ».

Et cette même source ajoute : « si Macron a la moindre chance d’être au second tour, je pense que le PS est capable de se mettre derrière. Je n’ai aucun doute là-dessus ».

Emmanuel Macron sera « naturellement » le candidat de la gauche en 2017 si François Hollande ne remonte pas dans les sondages, a estimé même mercredi le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, l’un des chefs de file des « réformateurs » du PS.

La situation devient donc préoccupante pour Manuel Valls. Gérard Collomb indiquait il y a peu que les « réformateurs » étaient partagés moitié-moitié entre « Vallsiens » et « Macronistes ».

Et ce n’est pas un hasard si le Premier ministre se rend vendredi en Ardèche sur les terres de Pascal Terrasse, député PS « réformateur » de poids. Une façon de gagner du terrain auprès des socialistes les plus acquis à la politique gouvernementale.