Loi biodiversité: Les députés interdisent les pesticides tueurs d'abeilles
ASSEMBLEE NATIONALE•Un amendement adopté dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité proscrit l’utilisation des néonicotinoïdes…20 Minutes avec AFP
Les débats ont été intenses, mais les députés ont tranché. Un amendement interdisant les insecticides néonicotinoïdes, jugés nocifs notamment pour les abeilles, a été adopté en commission, à 30 voix contre 28.
Si elle est confirmée, l’interdiction entrerait en vigueur le 1er janvier 2018, un an après la date initialement avancée.
Un « signal fort » aux groupes chimiques
Pour le président de la commission du Développement durable et auteur de la mesure, Jean-Paul Chanteguet (PS), l’objectif est d'« adresser un signal fort aux groupes chimiques, aux agriculteurs, et à l’exécutif ».
Un arrêté fournira « des réponses concrètes aux exploitants agricoles, confrontés à la brusque apparition d’un ravageur, qui pourrait compromettre leurs récoltes ». Et la liste des alternatives aux néonicotinoïdes sera déterminée sur la base d’un avis de l’Anses (l’Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire).
Pour les députés LR et UDI, les agriculteurs « pénalisés »
« Le législateur doit prendre ses responsabilités en interdisant l’utilisation de ces molécules, tout en permettant à la profession agricole de s’adapter », plaide l’auteur de la mesure dans son exposé des motifs.
Les députés LR et UDI, dont certains ont reproché aux partisans d’une interdiction générale de « rechercher une victoire symbolique, politique, médiatique », ont martelé que la mesure allait encore « pénaliser » des agriculteurs français, déjà en crise, ou qu’il n’y avait pas jusqu’alors d’alternatives moins nuisibles.
Passe d’armes entre Stéphane Le Foll et Ségolène Royal
Dans une démarche inhabituelle, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait envoyé ce vendredi aux députés une lettre pour les appeler à ne pas faire de telles « interdictions brutales » au seul niveau français, par souci affiché notamment d’éviter les « distorsions » de concurrence avec les autres agriculteurs européens.
Procédé qui a un « peu surpris » la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, a-t-elle lâché ce jeudi sur BFMTV, disant comprendre sa « préoccupation » de défense des agriculteurs mais fustigeant « les combats d’arrière-garde sur le maintien notamment des pesticides ».
Sitôt la mesure adoptée, l’ex-ministre de l’Environnement Delphine Batho a cependant twitté que « le combat n’est pas terminé », car le texte repartira au Sénat avant de revenir à l’Assemblée.