Loi El Khomri: entre Manuel Valls et Martine Aubry, la guerre est déclarée
PARTI SOCIALISTE•A quatorze mois de la présidentielle, la fracture se creuse au sein d'un PS divisé sur la ligne à adopter face à la politique gouvernementale...H. B.
«Il n’y a pas un début de proposition ». Après la violente charge de Martine Aubry contre l’exécutif publiée ce mercredi dans une tribune du journal Le Monde, Manuel Valls contre-attaque ce jeudi, toujours dans les colonnes du Monde.
Le Premier ministre répond âprement aux critiques de la maire de Lille, jugeant que dans son texte, « il n’y a pas un début de proposition ». « Je suis chef du gouvernement, je n’écris pas des tribunes de proclamation », a déclaré Manuel Valls qui voit dans cette tribune, co-signée notamment par Daniel Cohn-Bendit, « une remise en cause générale, globale » de l’action menée depuis son arrivée à Matignon.
« Je ne suis pas un pousse-au-crime »
L’ex-première secrétaire du PS en a remis une couche ce jeudi matin sur RTL : « J’ai lu le blog de Manuel Valls (sur le projet de loi sur le travail). Je suis prête au débat avec lui. Il y a beaucoup de contre-vérités et de méconnaissances ». «On ne me fera pas croire qu'on rendra les entreprises plus compétitives en fragilisant les salariés», a-t-elle ajouté. « Je ne suis pas un pousse-au-crime. Le président a décidé de ces arbitrages », rétorque Manuel Valls. La guerre est donc déclarée entre les deux anciens candidats à la primaire socialiste de 2011. Pour le chef du gouvernement, « cette tribune a un avantage : cela oblige tout le monde à clarifier et à assumer. Il faut que tout le monde assume ».
La fracture se creuse au PS
Après la sortie de la maire de Lille, le PS apparaît fracturé en deux. C’est « une rupture profonde », reconnaît le député PS Christophe Caresche, qui ne « peut se traduire que par un soutien à un candidat qui ne sera ni François Hollande ni Manuel Valls ». « On n’a jamais vu ça depuis Giscard/Chirac ! ». « Je pense que c’est une faute politique de s’en pendre à ce point, avec autant d’outrance, au gouvernement, à la majorité à laquelle nous appartenons tous (…) Je ne comprends pas qu’on profite de ces moments difficiles pour jouer finalement contre son camp », avait réagi Jean-Marie Le Guen, en défense du gouvernement.