Quel est le bilan de Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères?
POLITIQUE•A la tête du Quai d'Orsay depuis quatre ans, Laurent Fabius va bientôt prendre la présidence du Conseil constitutionnel…Anne-Laëtitia Béraud
Laurent Fabius va quitter dans quelques semaines les ors du ministère des Affaires étrangères pour la présidence du Conseil constitutionnel. Le chef de l’Etat l’a désigné mercredi à la succession de Jean-Louis Debré, après des semaines de rumeurs. Quel est le bilan de Laurent Fabius, après quatre ans au Quai d’Orsay ? 20 Minutes fait le point avec Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques…
Un ministre « dans le haut du panier »
Laurent Fabius sera-t-il rapidement oublié, ou fera-t-il partie de ces figures, à l’image de Dominique de Villepin à l’ONU contre la guerre en Irak, le 14 février 2003 ? Selon Pascal Boniface, « Laurent Fabius se place dans la catégorie d’un Alain Juppé ou Hubert Védrine. Il fait partie du haut du panier. » Quant au caractère de Laurent Fabius, réputé cassant, « si les diplomates n’ont pas d’affection pour lui, ils le respectent », précise le géopolitologue.
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L'« impulsion » de la COP 21
Devant des journalistes, mercredi au Quai d’Orsay, Laurent Fabius a listé deux « grands succès » : la COP 21 et l’accord sur le nucléaire iranien. Son engagement pour la Conférence de Paris de 2015 sur le climat (COP 21) a été salué en décembre 2015. « Laurent Fabius a donné une impulsion. Et parvenir à un accord avec les Etats-Unis ou la Chine était loin d’être acquis », souligne le géopolitologue Pascal Boniface, qui nuance cependant : « Ces deux pays ont signé l’accord pour des raisons de politique intérieure ». Au Conseil constitutionnel, Laurent Fabius continuera à travailler sur le climat : il reste président de la COP 21 jusqu’à la fin 2016, avant de passer le relais au Maroc.
« Pari gagné » sur le nucléaire iranien
Le deuxième « succès » dont s’est félicité Laurent Fabius est l’accord sur le nucléaire iranien, conclu en juillet 2015 à Vienne. Celui-ci garantit que le programme nucléaire iranien ne peut avoir de débouchés militaires, en échange d’une levée des sanctions internationales sur le pays. Pour Pascal Boniface, le « pari audacieux, qui était périlleux, a été gagné. »
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Une « précipitation » sur le dossier syrien
La gestion française du dossier n’a pas brillé par sa capacité à résoudre la guerre déclenchée en 2011, à la suite du Printemps arabe. Laurent Fabius jugeait que le régime du président Bachar al-Assad allait s’effondrer rapidement… avant de changer de discours officiels plusieurs fois. « Laurent Fabius a fait un pari et il n’a pas réussi. Cela ne doit pas faire oublier que la France a été lâchée plusieurs fois sur ce dossier. Il est plus juste d’évoquer un échec collectif de la communauté internationale », juge le géopolitologue, qui évoque une « précipitation » de la diplomatie française.
Du changement au ministère
Par ailleurs, Laurent Fabius a réussi à élargir le périmètre des Affaires étrangères, en intégrant le Commerce extérieur et le Tourisme. « Laurent Fabius a nommé [en janvier 2014] un ambassadeur au sport, quand jusqu’ici, la France n’avait pas conçu de diplomatie sportive », rappelle Pascal Boniface. « Le sport, le commerce extérieur, le tourisme… Le Quai d’Orsay a eu la volonté d’élargir à 360 degrés le champ de la diplomatie, en intégrant la diplomatie économique », ajoute-t-il. Cette réforme s’est accompagnée d’une féminisation bienvenue du corps diplomatique. Cependant, le budget du ministère a continué à baisser pendant quatre ans, alors que ceux du ministère de la Défense ont été augmentés. Ce ministère a d’ailleurs supplanté le Quai d’Orsay en Afrique, où l’armée française est présente dans la bande sahélo-saharienne (opération « Barkhane ») et en République centrafricaine (« Sangaris »).
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