Une prise de parole pour « rassembler la Nation ». François Hollande a annoncé samedi, au lendemain des attentats terroristes à Paris, qu’il s’adresserait lundi devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès au château de Versailles. 20 Minutes vous dit tout sur cette prise de parole inédite du chef de l’Etat.

Qu’est ce que le Congrès ?

Le Congrès du Parlement est la réunion de l’ensemble des députés et des sénateurs. Il permet d’« approuver une révision constitutionnelle proposée par le gouvernement et adoptée dans les mêmes par les deux assemblées », précise le site viepublique.fr. Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, le Congrès peut aussi être réuni pour entendre une déclaration du chef de l’Etat (ou autoriser l’adhésion d’un Etat à l’UE).

« Sous la IVe République, le Congrès de Versailles était le moment d’élection des présidents. Sous la Ve, il a servi essentiellement à adopter des révisions constitutionnelles », assure l’historien Jean Garrigues. « On est donc là dans une circonstance tout à fait exceptionnelle ». Nicolas Sarkozy s’était déjà exprimé face à l’ensemble des parlementaires à Versailles le 22 juin 2009 pour évoquer la crise secouant l’Europe et défendre la feuille de route de l’exécutif.

Nicolas Sarkozy arrive avec Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, à Versailles où le Parlement est réuni en Congrès, le 22 juin 2009. - DE LA MAUVINIERE/SIPA

Pourquoi François Hollande prend-il la parole ?

« Je m’adresserai au Parlement réuni en Congrès à Versailles lundi pour rassembler la Nation dans cette épreuve », a déclaré François Hollande. Le président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone a affirmé sur LCP que cette prise de parole servira notamment à « indiquer les différentes décisions qui devront être prises pour assurer la sécurité des Français ».

« Demain à partir de 16h, le Parlement se réunit en Congrès pour une déclaration du président @fhollande pic.twitter.com/pPfKzgt6zT — Élysée (@Elysee) November 15, 2015 »

« C’est le devoir du président de la République, rassembler son pays, la majorité et l’opposition. Cette démarche est digne de l’unité nationale », assure Olivier Faure, député PS. « Il faut montrer que la France se tient debout et ne se laisse pas entamer par le piège évident de la division que nous tend Daesh ».

L’initiative a été plutôt bien accueillie dans l’opposition. « J’attends un peu de solennité dans cette période dangereuse », assure Bernard Debré, député LR. Le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, se montre moins enthousiaste. « J’espère qu’il va nous dire des choses fortes, annoncer un certain nombre de mesures, des inflexions des politiques intérieure et extérieure. Si on réunit les parlementaires pour simplement faire un beau discours la main sur le cœur, ça ne mérite pas un Congrès. Et il s’agirait alors de communication présidentielle, dont nous n’avons pas besoin aujourd’hui ».

« Il s’agit d’un acte unilatéral plus qu’un dialogue institutionnel. Cela va permettre à François Hollande d’affirmer sa dimension de rassembleur, à se légitimer en réunissant les élus de la Nation ».

Les parlementaires auront-ils la parole ?

Oui. Une demande a été faite de permettre aux groupes parlementaires de s’exprimer. Comme le prévoit la Constitution, ce débat aura lieu après le départ de François Hollande. Chaque groupe politique disposera d’un temps de parole de dix minutes pour son orateur. Il n’y aura pas de vote.