Régionales 2015: Des mouvements citoyens veulent peser sur le scrutin
ELECTIONS•Des collectifs de citoyens qui souhaitent rénover la pratique politique s’organisent à l’approche des élections régionales de décembre 2015…Anne-Laëtitia Béraud
Mobiliser contre l’abstentionnisme, rénover la politique et ses élus à l’image de mouvements populaires européens : une myriade de collectifs citoyens s’organisent à l’approche des élections régionales. Qu’ils s’appellent « Générations citoyens », « Rassemblement citoyen », « Nouvelle Donne », ces mouvements font le même pari : celui de mobiliser des non-professionnels de la politique pour la changer.
Dans cette optique, une plateforme intitulée « Aux actes citoyens » vient d’être lancée. Celle-ci fédère « Génération Citoyens » du député européen (Alde, centre-droit) Jean-Marie Cavada et le « Parti libéral démocrate » d’Aurélien Véron (ex-UDI). « Nous voulons changer la pratique politique et la bourgeoisie de fonction que sont les élus, alors que le premier parti de France est l’abstentionnisme », souligne l’ex-journaliste Jean-Marie Cavada.
« Cette rénovation de la politique, construit sur une soif de liberté, passe notamment par la démocratie directe », continue Aurélien Véron, qui plaide pour « une nouvelle gouvernance des régions au service des citoyens ».
Indépendance et approche collaborative
Cette plateforme collaborative proposera des personnalités « issues de la société civile et ancrées dans la vie réelle » dans six grandes régions. Et qu’importe le score du premier tour, « nous ne sommes pas le lièvre d’une autre formation. Nous resterons indépendants », précise l'avocate Anne Bourdu, vice-présidente du Parti libéral démocrate.
Se présenter ou ne pas se présenter aux élections, telle est la question pour d’autres mouvements citoyens. Dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picadie, deux appels « aux femmes et aux hommes de bonne volonté » ont été lancés par un collectif qui appelle « les forces de gauche » à s’unir sous peine d’« échec garanti » aux élections. Leur crainte est l’arrivée du Front national à la tête de la région.
Organisation politique à définir
« Nous sommes des citoyens non encartés, lambda, pas franchement réjouis par la perspective d’une élection entre la droite et le FN à la suite des divisions de la gauche », explique Alain Thirel, un des fondateurs de cet appel avec l’ex-directeur de Sciences-Po Lille Pierre Mathiot.
Mais l’échec d’un rassemblement de la gauche dès le premier tour oblige le mouvement à s’adapter. « Notre proposition de rassembler la gauche n’a pas fonctionné. Il est donc possible de monter une liste, même si à titre personnel, cela ne m’intéresse pas vraiment. Les campagnes électorales sont violentes », explique ce retraité, ancien du conseil général du Nord.
Pas de nouveau parti à l'ordre du jour
Le dépôt d’une liste, ou non, sera donc débattu avec les sympathisants qui décideront du futur du mouvement. Quant à la constitution d’un nouveau parti, cela n’intéresse pas vraiment pas Alain Thirel, qui estime qu’« [les partis] sont trop éloignés des citoyens ». L’homme penche plutôt pour des expériences de « coopérative politique », à l’image de la proposition de 2010 de Daniel Cohn-Bendit.
L’ex-député européen appelait les Verts, socialistes, le mouvement Cap 21, les communistes et « que sais-je encore » à « inventer ensemble un corps nouveau, une forme politique largement inédite, décloisonnée », « ni parti machine, ni parti entreprise ». Une entreprise depuis laissée lettre morte.