Conférence de François Hollande: A l'aise en chef de guerre, fragile sur la scène intérieure
POLITIQUE•Le chef de l’Etat a annoncé des « vols de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour d’éventuelles frappes contre Daesh…Thibaut Le Gal
François Hollande ou l’art de la constance. Pour sa sixième conférence de presse semestrielle, le chef de l’Etat est resté fidèle à ses précédentes sorties. Le président de la République a d'abord évoqué l’actualité internationale, introduisant son allocution avec la crise des migrants.
« Il y a des images, des événements, des situations, qui frappent à la porte de notre conscience […] Il y a un enfant sans vie, le visage posé sur le sable d’une plage turque, un enfant martyr », a-t-il lancé la voix grave, évoquant la mort du petit syrien Aylan Kurdi, dont la photographie a fait le tour du monde.
Des « vols de reconnaissance » en Syrie, mais pas de troupes au sol
Pour faire face à l’afflux de réfugiés en Europe, François Hollande a rappelé l’importance du « mécanisme permanent et obligatoire d’accueil », proposé à l’Europe en collaboration avec Angela Merkel. La France sera prête à accueillir 24.000 réfugiés, sur les 120.000 demandés par la Commission européenne aux Etats membres.
« "J'ai demandé que des vols de reconnaissance soient lancés au dessus de la Syrie", annonce Francois Hollande pic.twitter.com/VZIqcPSlso — Thibaut Le Gal (@LGThibaut) September 7, 2015 »
Le chef de l’Etat a une nouvelle fois endossé les habits de chef de guerre en évoquant la Syrie. Des « vols de reconnaissance » de l’aviation française seront ainsi lancés dès mardi pour la première fois au-dessus du pays, pour permettre d’éventuelles frappes contre Daesh. En revanche, il serait « inconséquent et irréaliste d’envoyer des troupes françaises au sol », a-t-il répondu à ceux qui, comme Bruno Le Maire à droite, le réclament. Autre volet international, la conférence climat organisé à Paris en décembre. Le monde est « encore loin d’un accord contraignant et de financement à la hauteur de l’enjeu » du réchauffement climatique, a-t-il prévenu.
Agacement et pirouettes
Sur la scène intérieure, François Hollande a confirmé la baisse d’impôts pour 2016. « Plus de 8 millions de foyers » seront concernés pour un montant total « de plus de 2 milliards d’euros ». La feuille de route restera jusqu’à la fin du quinquennat celle du pacte de responsabilité. Le président s’est d’ailleurs félicité de la croissance de l’économie française à « sûrement un peu plus de 1 % en 2015 » et « 1,5 % en 2016 ».
Attendu sur le code du travail, il a confirmé qu’une réforme mieux adaptée « à la réalité des entreprises » était dans les tiroirs de la nouvelle ministre.
Agacement et pirouettes
François Hollande n’a rien perdu de sa superbe pour éluder une question gênante ou malvenue. Quand une journaliste lui demande s’il va, comme Barack Obama, participer à une émission de téléréalité de survie ou d’aventures, le président ironise. « J’ai l’impression de participer à cette émission depuis 2012 et je vous remercie d’en être l’animatrice », déclenchant le rire des journalistes.
A plusieurs reprises, le président s’est montré agacé des questions de politique française. Il est aussi resté flou sur sa volonté de lier une éventuelle candidature pour un second mandat à une diminution durable de la courbe du chômage. Il sera quand même parvenu à arracher un sourire, retenu, au Premier ministre. Etre président, « ce n’est pas une obsession même si d’autres exemples vous conduisent peut-être à le faire penser ». Adresser un tacle, sans le nommer, à Nicolas Sarkozy: une autre habitude de François Hollande.
« Etre président, "ce n'est pas une obsession même si d'autres exemples vous conduisent peut être à le faire penser". Les ministres sourient. — Thibaut Le Gal (@LGThibaut) September 7, 2015 »