ALIMENTAIREGaspillage alimentaire: Les cinq questions pour comprendre les négociations de ce jeudi

Gaspillage alimentaire: Les cinq questions pour comprendre les négociations de ce jeudi

ALIMENTAIRELa ministre de l’Ecologie réunit ce jeudi les représentants de la grande distribution pour les contraindre à s'engager davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

C’est l’histoire d’une lutte peu polémique qui a pourtant bien du mal à déboucher sur du concret. Depuis des mois, députés, associations et distributeurs planchent sur la lutte contre le gaspillage alimentaire. Après une loi, votée, promulguée et censurée, retour à la case départ. Ce jeudi, Ségolène Royal reçoit la grande distribution pour trouver un accord afin que la destruction de produits alimentaires à l’eau de javel ne soit plus qu’un lointain souvenir. Mais cet accord ne devrait pas révolutionner les choses.

Que fait déjà la grande distribution ?

L’idée est saluée de tous côtés… mais n’est pas nouvelle. Aux dires mêmes des associations, beaucoup de grands magasins donnent déjà des tonnes de nourriture aux associations. Jeudi, le patron de Leclerc a rappelé à l’AFP que 98 % des centres Leclerc ont déjà mis en place des partenariats avec au moins une association, dont 50 % avec trois associations. Quant à la demande de Ségolène Royal d’interdire la « javellisation » des produits jetés, la ministre « va gagner, puisque ça ne se fait déjà plus chez nous », a-t-il ironisé. Une affirmation confirmée par le directeur de la Croix-Rouge, Patrice Dallem, qui confiait à 20 Minutes en mai que « la javellisation reste marginale ». Difficile pourtant d’avoir des chiffres précis sur les dons, mais surtout sur la destruction d’aliments consommables. Selon une étude menée par l’Essec, PwC et la FCD parue mercredi, la grande distribution a augmenté depuis deux ans de 3 % ses dons de repas aux associations et amélioré de 15 points son taux de recyclage des déchets.

Retrouvez notre interview de Guillaume Garot sur le gaspillage alimentaire : « Il est primordial de sensibiliser tous les citoyens »

Que prévoyait la loi de transition énergétique ?

Après bien des péripéties, lors de la deuxième lecture à l’Assemblée nationale fin mai de la loi sur la transition énergétique, les députés ont introduit des amendements pour inciter les grandes surfaces à donner leurs invendus à des associations caritatives à l’aide de conventions. Côté calendrier, les magasins de plus de 400 mètres carrés avaient jusqu’au 1er juillet 2016 pour mettre en place ces conventions, sous peine de sanctions. La loi sur la transition énergétique a été promulguée le 18 août 2015.

Pourquoi cette réunion si la loi est promulguée ?

Mais le 13 août, le Conseil Constitutionnel a validé la quasi-totalité de cette loi… exceptés notamment les paragraphes concernant le gaspillage alimentaire. Ce n’est pas le fond qui pose problème aux Sages, mais la procédure. En effet, Guillaume Garot, député socialiste porteur de ce projet, précise dans le JDD, que « les articles examinés à l’Assemblée auraient dû l’être en première lecture et non en deuxième comme cela a été fait. »

La lutte contre le gaspillage alimentaire est-elle enterrée ?

Loin de là. Les élus n’ont pas perdu de temps. Dès le lundi 17 août, différents sénateurs ont présenté une nouvelle proposition de loi, à peu près identique aux amendements votés en mai à l’unanimité par les députés.

Qu’attend la ministre de cette réunion ?

Mais avant de passer par la loi, la ministre de l’Ecologie veut accélérer le processus en appelant la grande distribution au volontarisme. Objectif de cette réunion ? Pousser les représentants de ce secteur à passer des accords avec des associations. Et avant même la fin du rendez-vous, les grandes enseignes ont répondu présentes. En effet, les groupes Auchan et Casino se sont déclarés prêts à signer une convention d’engagements volontaires.

« Auchan est pleinement favorable à cette approche pragmatique, qui permet de s’appuyer sur les actions déjà entreprises, de partager les bonnes pratiques et de structurer la démarche, et qui prévoit un suivi dans le temps de la mise en œuvre des engagements », est souligné un porte-parole d’Auchan à l’AFP.