Les déclarations de patrimoine des parlementaires sont enfin consultables en préfecture
TRANSPARENCE•Les députés avaient voté cette mesure en juin 2013...N.Beu. avec AFP
Les déclarations de patrimoine des députés et sénateurs sont consultables depuis lundi dans les préfectures de leur département, une première en France, en application des lois post-Cahuzac de 2013 sur la transparence, a indiqué la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
Les déclarations disponibles sont celles de 735 parlementaires élus avant le 1er septembre 2014, soit 573 députés et 162 sénateurs, a précisé la Haute autorité dans un communiqué. Les déclarations des parlementaires élus après cette date seront publiées ultérieurement. La divulgation de tout ou partie de ces déclarations est interdite, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 45.000 euros.
Les ministres encore plus exposés
Tout citoyen inscrit sur les listes électorales peut prendre rendez-vous auprès des services de la préfecture de son choix afin de prendre connaissance, en présence d’un agent, des déclarations des parlementaires du département. Celles-ci demeureront consultables pendant toute la durée du mandat des personnes concernées, a indiqué la Haute autorité. Toute reproduction ou copie sera proscrite, ce qui signifie que l’électeur ne pourra pas par exemple prendre de notes, en vertu des textes d’application de la législation sur la transparence de la vie publique. Il pourra cependant saisir la Haute autorité s’il soupçonne qu’une déclaration est mensongère ou inexacte.
Cette publication très encadrée est l’aboutissement de plus d’un an de travail de la HATVP, instance indépendante créée pour contrôler ces déclarations en début et fin de mandat pour vérifier s’il n’y a pas eu d’omissions ou d’enrichissement personnel. L’administration fiscale a apporté son concours à la Haute autorité, qui a eu également des échanges nombreux avec les parlementaires pour préciser leurs déclarations.
L’instance présidée par l’ex-haut magistrat Jean-Louis Nadal a signalé à la justice les cas d’une demi-douzaine de parlementaires, dont les déclarations n’étaient selon elle pas exhaustives ou sincères. Le parquet a alors ouvert des enquêtes judiciaires, la plupart du temps sur l’omission d’avoirs détenus à l’étranger. Après une fronde des députés menés par le président de l’Assemblée Claude Bartolone (PS) contre tout voyeurisme, la loi n’a pas prévu que les déclarations de patrimoine des parlementaires soient publiées largement, à la différence de celles des membres du gouvernement, qui le sont sur le site Internet de la HATVP depuis juin 2014.