BUSINESSNicolas Sarkozy peut-il continuer à donner ses conférences à l’étranger ?

Nicolas Sarkozy peut-il continuer à donner ses conférences à l’étranger ?

BUSINESSAlors que son parti s'écharpait sur la ligne à adopter en vue du duel PS-FN dans le Doubs après l'élimination du candidat UMP, Nicolas Sarkozy a pris un avion direction Abu Dhabi pour donner une conférence...
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Ça la fout mal! Lundi, au lendemain de la défaite du candidat UMP au premier tour de la législative partielle dans le Doubs, les ténors du parti ont fait fi de la consigne de silence qui leur avait été donnée. A tour de rôle, ils ne se sont pas privés de dire ce qu'ils feraient s'ils devaient voter dans cette circonscription à l'occasion du deuxième tour qui oppose le PS au FN. Pendant ce temps-là, leur président, Nicolas Sarkozy, prenait un avion direction le soleil d'Abu Dhabi, invité par le Cheikh Mansour et le fonds souverain IPIC, le temps d'une conférence privée grassement payée, comme le révèle Marianne. Tant pis pour la préparation du bureau politique crucial qui se tenait quelques heures plus tard.

«Business ou politique, il faut choisir»

Déjà moqué pour son retour en demi-teinte à la vie politique et sa peine à fédérer ses ouailles, Nicolas Sarkozy est aujourd'hui mis en cause pour son goût pour les conférences très lucratives qu'il donne à l'étranger, au moment où il est censé se concentrer sur la gestion de son parti. Dans les rangs de la droite, on essaie de faire bonne figure et de minimiser l'affaire. «Il y a une hystérie inquiétante sur quelque chose de banal», estime son entourage. Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP et député du Nord, y voit même une preuve de la grandeur de son boss sur la scène internationale. «C'est une reconnaissance de son action diplomatique», a-t-il lancé au micro d'Europe 1. «Quand il va à Abu Dhabi, il porte la voix de la France», s'est-il réjoui.​

«Dans la culture française, le business a fortiori avec des pays étrangers n'est pas compatible avec la défense de l'intérêt général au plan national, il faut choisir», tranche Stéphane Rozès, président de CAP. «Pour l'instant son retour en politique est un échec, et ces conférences l'affaiblissent politiquement», poursuit-il.

« Conflit d'intérêts et crédibilité entachée »

Donner des conférences grassement payées à l’étranger, c’est l'un des plans de reconversion favoris des anciens présidents, qui sillonnent le globe d’un coup de jet éclairer grandes firmes et banques d’affaires internationales de leurs lumières d’ex-chef d’Etat. «Qu'il ait donné des conférences par le passé n'est pas le problème. Le problème, c'est qu'il ne peut pas continuer à en donner, à être sous la tutelle financière de pays étrangers alors qu'il brigue l'Elysée», estime le député socialiste Olivier Faure.

«Il y a clairement un conflit d'intérêts. Quand il parlera de sujets portant sur les intérêts du Qatar, d'Abu Dhabi et consorts, comment ne pas mettre en doute sa crédibilité alors que ces mêmes pays lui ont donné des millions d'euros», analyse le député.

Même dans les rangs de la droite, cette proximité dérange. «C’est quand même étrange que le patron du PSG (le Qatarien Nasser Al-Khelaïfi) ait été présent à son anniversaire. Il faudrait que Sarko arrête de fricoter avec les gens du Qatar», aurait sifflé l’ancien candidat à la présidence du parti Bruno Le Maire, selon Le Canard enchaîné.

Depuis qu'il a quitté l'Elysée en 2012, Nicolas Sarkozy aurait empoché deux millions d'euros grâce à ses conférences.