Syriza: Mélenchon dit «travailler» à une coalition de gauche radicale... que Duflot ne souhaite pas
POLITIQUE•Le leader du Parti de gauche veut former une grande alliance avec les écologistes en vue des prochaines régionales...Maud Pierron
Le probable succès de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque aux prochaines législatives, donne des ailes à Jean-Luc Mélenchon. Le leader du parti de gauche a assuré mardi sur BFM TV«travailler» à une «coalition» avec EELV, le PCF et la gauche du PS, en vue des élections de 2015 et 2017, pour «tourner la page» de l'austérité.
Parlant du «modèle Hollande», qu’il a jugé dans une «impasse», il a assuré: «Il ne faut pas se contenter de critiquer, il faut proposer quelque chose, quelque chose d'ample, qui ne soit pas étroitement boutiqué et partisan».
«On est en train d'inventer»
Et ce quelque chose, c’est une «alliance» à gauche du Parti socialiste, que «nous travaillons à construire», a-t-il explicité, revenant à une idée développée depuis longtemps. Il a notamment fait référence au grand meeting qui s’est tenu lundi soir à Paris, en soutien à Syriza, où toutes les nuances de la gauche du PS s’étaient rassemblées. De Cécile Duflot pour EELV à Pierre Laurent pour le PCF en passant par des socialistes frondeurs comme l’eurodéputé Guillaume Balas et le député Pouria Amirshahi et Jean-Luc Mélenchon, bien sûr.
Pour lui, cette future alliance ne sera «pas un parti» mais «une coalition», comme le Front de gauche et Syriza. Plusieurs listes EELV et Front de gauche seront déjà montées pour les départementales de mars, mais il fixe surtout comme objectif les régionales de 2015 et, espère-t-il, le scrutin de 2017. «On est en train d'inventer», a-t-il ajouté, il faut «être unis en tant qu'organisation politique, mais en même temps (...) trouver le moyen de faire intervenir les citoyens dans le choix des candidats, la détermination du programme», a-t-il expliqué.
Mélenchon «instrumentalise les élections grecques»
Toutefois, Cécile Duflot, l’une des principales cibles visées par Jean-Luc Mélenchon pour sa grande coalition s’est montrée bien moins volontaire, jugeant «qu'une vision strictement de coalitions est un peu dépassée». Invitée de France inter, elle a surtout estimé que la grande photo de famille du meeting de la gauche radicale n’avait pas forcément d’implication française mais visait à «montrer qu'il peut se passer en Grèce dans quelques jours quelque chose qui peut faire bouger l'Europe». Evoquant les alliances, elle jugeait que «les choses ne sont jamais immobiles».
Surtout dans un parti très divisé sur les alliances à nouer, entre les pro-gouvernement qui veulent renouer avec le PS et ceux qui souhaitent s’en éloigner définitivement. Ironiquement, d’ailleurs, Denis Baupin, qui ne veut pas d’une alliance avec le Front de gauche twittait mardi matin le lien d’un papier sur ce thème avec ce commentaire #notinmyname
« #notinmyname @leLab_E1: Mélenchon veut aux départementales, "des listes communes du Front de gauche et d’EELV" http://t.co/fxVoQErc3H — Denis_Baupin (@Denis_Baupin) January 20, 2015 »
Et en fin de journée, François de Rugy, co-président d’EELV à l’Assemblée, commentait : «Syriza aspire à être un parti de gouvernement, est prêt à jouer le jeu d'une coalition y compris avec des centristes, ne veut sortir ni de l'Europe ni de l'euro... On est bien loin des fantasmes de M. Mélenchon» qui, a-t-il assuré, «instrumentalise les élections grecques à des fins franco-françaises pour dire voilà ce que nous allons faire».
Pour apporter de l'eau à son moulin, Jean-Luc Mélenchon cite souvent l'exemple de Grenoble, qu'une liste EELV alliée au Front de gauche, a enlevé au PS. Mais les deux partis ont eu, depuis 2012, des débats très durs qui ont aussi laissé des traces.