POLITIQUEVIDEO. «Marche républicaine» pour «Charlie Hebdo»: L'unité nationale en question

VIDEO. «Marche républicaine» pour «Charlie Hebdo»: L'unité nationale en question

POLITIQUELe Front national est le seul parti à ne pas avoir été invité à la marche de dimanche...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'unité nationale proclamée après l'attentat contre Charlie Hebdo s'est fissurée ce jeudi autour de l'organisation de la marche républicaine dimanche à Paris, l'absence du FN au défilé au nom de l'unité nationale étant dénoncée par le parti de Marine le Pen et l'UMP.

Quant à la participation de François Hollande, elle était jeudi soir envisagée mais «pas décidée», indiquait-on dans l'entourage du président de la République, une autre source précisant que le sujet était «en débat» mais pas tranché.

«Une vaste escroquerie politicienne»

«Une marche républicaine et silencieuse» aura lieu dimanche, à l'appel de l'ensemble des partis de gauche et de droite -sauf le FN-, de syndicats (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU) et associations de défense des droits de homme (LDH, Licra, Mrap, SOS Racisme). Cet appel, lancé jeudi soir, est conforme à la position adoptée par les partis (PS, PCF, EELV, PG, PRC, PRG, MoDem, UDI, UMP) réunis plus tôt dans la journée à l'Assemblée nationale. Le FN n'était pas invité. Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan participera aussi au rassemblement.

Très vite a surgi une polémique. Marine Le Pen a dénoncé son «exclusion» de la «marche républicaine». «L'idée lancée par le président de la République d'une union nationale dont serait exclu un parti qui représente 25% des Français transforme cette union nationale en une vaste escroquerie politicienne», a-t-elle jugé.

«Les choses sont claires. Ils déclarent» que le FN n'est pas le bienvenu, «à l'issue d'une réunion, où ont été invités l'ensemble des partis politiques sauf le FN. Il n'y a plus d'union nationale, elle a disparu de leur fait», a dit Marine Le Pen, qui sera par ailleurs reçue vendredi matin à l'Élysée par François Hollande.

Une organisation politique «qui divise les Français»

Après François Fillon, le secrétaire général de l'UMP Laurent Wauquiez a affirmé que l'UMP était «unanime» pour s'opposer à l'exclusion du FN de la «marche républicaine».

De même, le président du Modem François Bayrou a jugé que c'était «une mauvaise décision d'exclure qui que ce soit» de ce rassemblement.

Or pour François Lamy, qui organise le rassemblement pour le PS, les choses sont formelles: «Il n'y a pas de place pour une formation politique qui depuis des années, divise les Français, stigmatise les concitoyens en fonction de leur origine ou de leur religion, ou ne se situe pas dans une démarche de rassemblement des Français.»

Peu avant, un des porte-parole du PS, Olivier Faure, avait jugé qu'il ne fallait «exclure personne», puis précisé à l'AFP qu'il parlait des «citoyens appelés à manifester et en aucun cas du Front national qui ne peut compter sur nous pour lui donner un brevet républicain en l'invitant».

Valls essaie de tempérer

Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a tenté de désamorcer la polémique en déclarant jeudi soir sur BFMTV que «vient qui veut et qui se sent concerné», même si la marche est organisée par «les partis républicains». Et si Marine Le Pen se présentait dimanche? «Elle fait ce qu'elle veut. Ce n'est pas le centre de la situation française», a lancé le dirigeant socialiste. «Pas de polémique, pas de nouveaux débats», s'est-il agacé, «cette manifestation appartient à la France».

Manuel Valls, interrogé par RTL, n'avait pas répondu clairement: il ne peut «pas y avoir d'exclusion à l'unité nationale», a-t-il dit, soulignant que «l'unité nationale, c'est aussi (se rassembler, ndlr) autour des valeurs. De valeurs profondément républicaines, de tolérance, de refus d'amalgames.»

«Le choc de l'unité de la République»

Interrogé en fin de journée, l'entourage du Premier ministre a appelé à «ne pas céder aux penchants de la polémique politicienne. Chaque citoyen peut se rendre librement à la manifestation de dimanche afin de défendre des valeurs telles que la liberté, l'égalité, la tolérance, la lutte contre le racisme et l'antisémitisme».

Jean-Luc Mélenchon, leader du Parti de gauche (PG), a indiqué qu'il ne reconnaissait «pas d'autorité» au Premier ministre pour organiser cet événement, son parti, par la voix d'Eric Coquerel refusant par ailleurs la présence du FN au défilé.

La manifestation partira à 15h de la place de la République vers la place de la Nation, en passant par le boulevard Voltaire -un symbole puisqu'il croise le boulevard Richard Lenoir, à proximité des locaux de Charlie Hebdo (11e arr).

Outre les chefs de partis, dont vraisemblablement Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon (UMP) seront aussi dans le défilé parisien. Côté PS, on cite Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault.

Initialement prévue samedi, la manifestation, aura finalement lieu dimanche, afin de permettre la plus grande participation possible, et d'offrir à la police un délai un peu plus long pour se préparer.