POLEMIQUEAffaire Jouyet: Pourquoi François Fillon risque gros

Affaire Jouyet: Pourquoi François Fillon risque gros

POLEMIQUESi pour les fillonistes, toute cette affaire est exclusivement une «affaire Jouyet», l'image de l'ancien Premier ministre risque d'en prendre un coup...
Mathieu Bruckmüller

M.B. avec AFP

Avec Jean-Pierre Jouyet, François Fillon est l'autre victime des révélations des enquêteurs du Monde: même s'il proteste de sa bonne foi et crie au complot, il risque de perdre des plumes dans ce nouvel épisode de la guerre au sein de la droite et de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy.

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L'ex-Premier ministre a annoncé qu'il allait porter plainte en diffamation contre les deux journalistes, Gérald Davet et Fabrice Lhomme, et contre leur journal. «Cette plainte sera ficelée cet après-midi», a indiqué lundi l'entourage de M. Fillon. Au préalable, il va demander en référé une copie intégrale de l'enregistrement de la conversation entre le secrétaire général de l'Élysée et ces deux journalistes, selon son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Pour les fillonistes, toute cette affaire est exclusivement une «affaire Jouyet». «François Fillon poursuit imperturbablement son projet pour la France» et présentera, comme prévu le 14 novembre, «ses propositions sur l'immigration», dans une interview au Figaro Magazine, puis lors d'un meeting à Menton (Alpes-Maritimes).

«Je rendrai coup pour coup»

L'AFP a pu entendre lundi matin l'enregistrement du fameux entretien des deux journalistes avec le secrétaire général de l'Élysée, le 20 septembre, tel qu'il est rapporté dans leur livre Sarko s'est tuer. Jean-Pierre Jouyet, qui fut secrétaire d'État aux Affaires européennes dans le gouvernement Fillon, y affirme que l'ancien Premier ministre avait évoqué devant lui, lors d'un déjeuner le 24 juin, dans le VIIIe arrondissement, l'affaire Bygmalion et le paiement par l'UMP de l'amende (plus de 500.000 euros) infligée à Nicolas Sarkozy pour dépassement de frais de campagne. Après avoir démenti, Jean-Pierre Jouyet l'a admis.

«C'est de l'abus de bien social», aurait affirmé François Fillon, selon Jean-Pierre Jouyet. «Tapez vite, si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir», aurait également dit M. Fillon, toujours selon Jean-Pierre Jouyet, à propos de l'ancien président qui s'apprêtait à déclarer sa candidature à la présidence de l'UMP.

«Je rendrai coup pour coup», a prévenu François Fillon, dimanche soir sur TF1, sur le ton de la colère froide. L'entourage de l'ancien Premier ministre tente d'éteindre l'incendie avant qu'il ne consume celui dont la popularité avait déjà été sérieusement ébranlée par la guerre interne à l'UMP fin 2012. D'autant qu'il ambitionne d'être candidat à la primaire pour 2017, tout comme le sera probablement Nicolas Sarkozy.

«Le discours à la Thatcher de François Fillon ne prend pas»

Si, en plus, il joue contre Sarkozy», qui devrait prendre la tête du parti le 29 novembre, «ça sera mortifère pour lui»", analyse le politologue Jean-Daniel Lévy (HarrisInteractive). «Son image est irrémédiablement écornée. Qu'il soit innocent ou coupable, personne ne pourra établir s'il a tenu ou non les propos qui lui sont prêtés», renchérit au Figaro, le politologue Thomas Guénolé.

François Fillon est l'objet d'une «machination», c'est «infamant» à son égard, soutiennent ses amis. Par qui et pour quelle raison? «Pour mettre le bazar à droite et relancer le conflit entre Nicolas Sarkozy et François Fillon», assurent les mêmes, qui commencent à évoquer le nom du président de la République.

«C'est une affaire montée de toute pièce par l'Élysée»

«C'est une opération qui permet à l'Élysée de se draper dans les habits de l'inflexibilité devant la justice. C'est cousu de fil blanc», dit-on. «C'est une affaire montée de toute pièce par l'Élysée», assène Bruno Retailleau, président des sénateurs UMP.

Côté sarkozyste, on s'efforce de ne pas mettre d'huile sur le feu, au moment où l'ex-président se veut « «rassembleur». «Je crois François Fillon, aucune raison de ne pas croire François Fillon», a martelé lundi le porte-parole de M. Sarkozy, Gérald Darmanin, qui a sous-entendu que le président Hollande aurait pu être présent au rendez-vous entre M. Jouyet et les journalistes du Monde.

Dans leur livre, les deux journalistes, qui préparent un ouvrage sur le quinquennat et qui ont pour cela déjà rencontré le chef de l'État, écrivent que, «stupéfiante, la démarche de François Fillon (...) nous a été confirmée en septembre 2014 par la présidence de la République, qui a assuré n'y avoir évidemment donné aucune suite».