Mi-Mandat de François Hollande : "Choc", "Guerre", "Sans-dents"… Les mots d’une présidence pas si normale
ÉLYSÉE•Retour sur deux et demi de présidence Hollande à travers des mots qui ont fait du bruit....M.B.
20 Minutes dresse le lexique de la première moitié du mandat de François Hollande à la tête de la France.
Blague
C’est dans sa nature. François Hollande aime rire. Un trait de caractère qui avait amené Laurent Fabius à le surnommer «Monsieur petites blagues», quand il dirigeait le PS. Et même si ces conseillers ont suggéré au président de la République de mettre au placard son goût prononcé pour la plaisanterie, il a du mal à s’y tenir. Au risque de déraper. Comme lors du salon de l’Agriculture de 2013. À une fillette qui, sur un stand où il s'arrêtait, lui a lancé: «Je n'ai jamais vu Nicolas Sarkozy», François Hollande a répondu dans un sourire «Bah, tu ne le verras plus !».
Cap
«On maintient le cap». En pleine tempête, alors que la croissance tourne au ralenti, que le chômage ne cesse de grimper, que les couacs se multiplient, François Hollande enfile le costume de capitaine du paquebot France et assure aux passagers qu’il sait où il veut les emmener et qu'il ne changera pas de destination. Et ce, malgré des sondages en berne.
Choc
Aux grands maux, les grands mots. Les lourdeurs administratives coûteraient chaque année entre 60 et 80 milliards à la France. Résultat, François Hollande a annoncé début 2013 un «choc de simplification». Une simplification des démarches pour les particuliers et les entreprises qui devrait permettre à la France de gagner 11 milliards d’euros d’ici 2016.
Pourtant, quelques mois avant, François Hollande ne semblait pas très friand du mot «choc». Et de souligner que «l’idée de choc traduit davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique». Ce qui avait alors amené l’excéutif a annoncé en novembre 2012 non pas un «choc», mais un pacte de compétitivité, qui sera transformé en janvier 2014 en pacte de responsabilité et de solidarité.
Chômage
Le gouvernement l'admet sans détour, il est «en échec» face au chômage. Alors que s'ouvre la seconde moitié du quinquennat, ce revers, tant économique que politique pour François Hollande, sera difficile à effacer d'ici à 2017. Le chef de l'Etat a longtemps cru à «l'inversion de la courbe» du chômage à fin 2013, subissant un violent retour de bâton quand cette promesse fut enterrée. Au printemps, il a même estimé qu'il n'aurait pas la crédibilité pour briguer un second mandat si le chômage ne baissait pas.
Compétitivié
Une décision qui a pris sa majorité à rebrousse-poil. Dès novembre 2012, l’exécutif décidait d’accorder 20 milliards de baisses de charges aux entreprises pour améliorer leur compétitivité. Un «gros cadeau» aux patrons qui passe mal chez certains à gauche. Pas question pour l’exécutif de faire marche arrière. Devant l’université d’été au Medef, Manuel Valls a enfoncé le clou en lâchant: «j'aime l'entreprise».
Cravate
François Hollande et la cravate ne font pas la paire. A peine élu à l’Elysée, premier impair. Se rendant aux Etats-Unis pour un G8, il était le seul chef d'Etat présent à porter une cravate. Barak Obama s’est empressé de lui proposer de la retirer. «C’est pour ma presse», lui a répondu le chef de l’Etat. Une presse hexagonale qui se fait un plaisir depuis de noter que la cravate de François Hollande, peu importe les occasions, est toujours de travers. Pourquoi ? «Ce que j’ai appris, c’est que sa cravate n’est pas droite, parce que lui, il a une jambe plus courte que l’autre, un problème d’épaule et la colonne n’est pas bien. Il a un bras plus long que l’autre et du coup c’est tordu», explique Cristina Cordula, la spécialiste du relooking, à nos confrères suisses du Matin.
Couac
Même s'ils sont inhérents à la vie politique, les couacs ont pullulé depuis le début du quinquennat. Des couacs entre ministres, entre le président et son Premier ministre (Que ce soit Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls) entre le Premier ministre et ses ministres ou avec la majorité.
Guerre
Inexpérimenté sur la scène internationale avant d’entrer à l’Elysée, c’est paradoxalement sur les questions étrangères que François Hollande s’est révélé, selon les observateurs. Celui que l’on dit volontiers indécis, n’a pas tremblé pour lancer les forces militaires dans deux guerres en 2013 : Au Mali et en Centrafrique. Il était même prêt à aller en Syrie à l’été 2013, aux côtés des Américains, pour frapper les troupes du régime de Damas. Avant que Barak Obama ne fasse marche arrière, au dernier moment.
Journaliste
François Hollande et les journalistes, une grande histoire d’amour. Lui-même dans les années 80 a rédigé des articles pour le matin de Paris. A la tête du PS, il a multiplié les rencontres avec les journalistes, ce qui lui sera utile dans sa conquête de l’Elysée. Pour la première fois, en juillet 2013, il a même dîné, hors micros et caméras, avec près d'une centaine de journalistes qui le suivent au jour le jour, ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait fait jusque-là. Lors de la dernière grande conférence de presse du chef de l’Etat, une journaliste lui a demandé: «Vous êtes dans la Vème République le président le plus proche de la presse. Vous tissez des liens avec les journalistes depuis près de 30 ans. Finalement, à quoi ça a servi ? Pensez-vous qu'aujourd'hui, les médias sont en partie responsables de votre impopularité record ?»
Pluie
La pluie et François Hollande, une histoire d'amour? L'humidité poursuit le président depuis le 15 mai 2012, jour de son investiture où il descend les Champs-Elysées sous des trombes d’eau. Qu'il aille sur une île bretonne, à Mayotte ou encore à Casablanca, la pluie le poursuit. Si certains ironisent sur la pluie, symbole d'un quinquennat qui prend l’eau, François Hollande répond par l’humour : «Je ne peux pas comme président de la République supprimer la pluie. Je ne peux pas non plus la provoquer même si certains ont pu formuler cette hypothèse».
>> En images: François Hollande sous la pluie
Privé
«Les affaires privées se traitent en privé», martèlent François Hollande. Pudique à l’extrême, le chef de l’Etat répugne à voir sa vie intime déballée sur la place publique. Las, les photos volées d’un président casqué qui va voir sa maîtresse à deux pas de l’Elysée ont fait beaucoup de mal à l’image de François Hollande. Le «GayetGate» a fait voler en éclat sa promesse faite lors du débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle face à Nicolas Sarkozy que son «comportement soit en chaque instant exemplaire». Sans parler du livre qui a suivi signé par Valérie Trieweiler, son ancienne compagne.
Sans-dents
Ravageur. De tous les épisodes racontés dans le livre de Valérie Trierweiler, c’est probablement, le plus cruel. «Les sans-dents», voilà comment François Hollande appellerait les couches populaires. «Je ne veux pas qu’on puisse dire ou écrire que je me moque de la douleur sociale, car c’est un mensonge qui me blesse», répond le chef de l’Etat. «C'est un livre pour faire mal, écrit avec une plume de vengeance», abonde Bernard Poignant, un proche de François Hollande. Mais ce «sans-dents» pourrait bien être le «casse toi pauvre con» de Sarkozy, une phrase qui résume cette première partie de mandat.
Sondage
Du jamais vu. Jamais un chef de l’Etat n’a été aussi impopulaire sous la Vème République. François Hollande est passé d’une cote de confiance de 55%, au lendemain de son arrivée à l’Elysée, à un famélique 13%. Ce qui fait dire au sénateur André Santini : «A force de descendre dans les sondages, il va finir par trouver du pétrole !»
Social-démocrate
Depuis le début du quinquennat, la bataille fait rage pour qualifier la politique menée par le chef de l’Etat. En décidant de baisser les charges des entreprises et de faire des économies, François Hollande a mis un coup de barre à droite qui passe mal au PS. Alors, est-il social-démocrate?, Social-libéral? Libéral? L’intéressé a longtemps refusé de répondre à cette question, avant de se définir en janvier dernier comme social-démocrate.