VIDEO. Démission du gouvernement: Arnaud Montebourg ou la sortie de trop
POLITIQUE•«20 Minutes» revient sur les principales sorties de l'ex-ministre de l'Economie et du Redressement productif...Céline Boff
Cette fois-ci, ça n’est pas passé. La dernière charge d’Arnaud Montebourg va lui coûter son poste de ministre de l’Economie et du Redressement productif. Ce à quoi il ne s’attendait sans doute pas. Car Montebourg est un habitué des clashs, des prises de position isolées et des phrases choc… Retour sur ses principales sorties lors de ses 27 mois passés à Bercy.
Juillet 2012: L’affaire PSA
En pleine flambée des plans sociaux, l’annonce fait l’effet d’une bombe: le groupe PSA Peugeot Citroën va supprimer 8.000 postes en France et fermer l’usine d’Aulnay. Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, décide d’attaquer frontalement la famille Peugeot.
Il l’accuse notamment de «dissimulations», de «mensonges» et taxe même le groupe de «malade imaginaire». «C’est tout le groupe qui vit mal ces attaques et qui se sent visé. (…) Nous sommes prêts à accepter la critique, mais il y a des limites», avait réagi Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance du groupe. Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait fini par reprendre en main le dossier.
Août 2012: Soutien au nucléaire
«Pour ma part, je considère que le nucléaire est une filière d’avenir.» Alors que son gouvernement s’est engagé, auprès des électeurs et de leurs alliés d’Europe Ecologie-Les Verts, à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025, le ministre du Redressement productif lâche cette petite phrase sur BFMTV, à moins de 20 jours de la très attendue conférence environnementale.
EELV est agacé, Ayrault décide d’intervenir sur TF1. «J’ai parlé avec Arnaud Montebourg et la position du gouvernement, elle est très claire: ce sont les engagements que le président de la République a pris devant les Français, c’est le mix énergétique», avait-il déclaré. Prié de dire s’il avait recadré Montebourg, il avait répondu: «Je lui ai rappelé la position du gouvernement, il en a parfaitement convenu.»
Décembre 2012: Clash avec Ayrault
C’est sa sortie la plus violente politiquement. Alors que Mittal annonce la fermeture du site de Florange, Montebourg menace l’industriel indien puis annonce la possibilité d’une «nationalisation partielle». Mais l’exécutif l’exécute: le président et le Premier ministre choisissent de négocier avec Mittal. Ayrault choisit à nouveau TF1 pour désavouer publiquement Montebourg, affirmant que la solution de la nationalisation temporaire n’a jamais été évoquée.
«De quoi j’ai l’air, après ce que tu as dit devant les Français alors que je me démène! […] T’es vraiment un chef de guerre! Et après ça, tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont tout le monde se fout! Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes!» lui avait balancé Montebourg.
En avril 2013, Manuel Valls avait déclaré qu’il aurait «sans doute» viré Montebourg s’il avait été à la place de Jean-Marc Ayrault…
Avril 2013: Bagarre contre l’austérité
«Le sérieux budgétaire, s’il tue la croissance, n’est plus sérieux. Il est absurde et dangereux.» Quelques semaines après le départ de Jérôme Cahuzac, Montebourg s’exprime dans Le Monde pour réclamer un changement de cap. Selon lui, «il est plus que temps d’ouvrir le débat sur cette politique (européenne, ndlr) qui conduit l’Union à la débâcle».
«Non, il n’y pas de changement de ligne», avait immédiatement rétorqué l’entourage du chef de l’Etat, minimisant la «position, déjà connue de Montebourg». «On mène depuis le début une politique cohérente, on est sur un cap qui est difficile, mais c’est le chemin par lequel il faut passer pour s’en sortir», assurait l’Elysée lundi.
Ayrault avait à nouveau pris la parole, cette fois-ci sur RTL, pour déclarer: «Il n’y a qu’une ligne politique au gouvernement, il n’y en a pas deux, il n’y en aura pas deux.» «Oui, nous sommes vent de face, ce n’est pas le moment d’oublier le cap», avait-il ajouté en reconnaissant qu’il «n’avait pas aimé qu’on conteste la politique du gouvernement».
Juillet 2013: Soutien aux gaz de schiste
«Je pense qu’on arrivera avec la technologie dans très peu de temps, au gaz de schiste écologique. Où il n’y a pas de pollution.» Montebourg lance cette phrase lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en ajoutant qu’il ne faut pas fermer la porte à l’exploitation des gaz de schiste mais qu’il faut la confier à une compagnie nationale publique.
Il fait cette déclaration alors que le président Hollande a réaffirmé à plusieurs reprises son opposition à la fracturation hydraulique, et donc à l’exploitation des gaz de schiste. Cette fois-ci, c’est Philippe Martin, alors ministre de l’Ecologie, qui est chargé de redresser la situation. Il avait notamment déclaré que «la fracturation hydraulique pour exploiter le gaz de schiste «n’est pas une technique “propre” et sans danger comme l’a rappelé le président de la République lors de la première conférence environnementale».
Juillet 2014: Bagarre contre «le conformisme»
Trois mois après sa nomination au poste de ministre de l’Economie, Montebourg présente son discours de politique économique à Bercy. Il s’exprime devant 600 personnes, dont des partenaires sociaux et des patrons. Sur le fond, il prend à rebrousse-poil la politique gouvernementale sur plusieurs points, notamment la répartition des économies annoncée par le gouvernement.
Sur la forme, Montebourg se réapproprie l’une des plus célèbres déclarations du candidat Hollande lors de sa campagne présidentielle, en déclarant que «son seul adversaire, c’est le conformisme qui gouverne». Une façon de «piquer» directement le Président.