VIDEO. Cinq choses à savoir sur Jean-Claude Juncker
PORTRAIT•Mais qui est le nouveau président de la Commission européenne? «20 Minutes» fait le tour du personnage en cinq points...Céline Boff
Ca y est. Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (PPE, la droite européenne) est le nouveau président de la Commission européenne. Il succède au Portugais José Manuel Barroso. Qui est Jean-Claude Juncker? 20 Minutes vous brosse son portrait.
Jean-Claude, ce bon vivant
Il a le visage marqué, la chevelure blanchie et pourtant, Juncker n’a pas encore 60 ans -il les fêtera en fin d’année. «Tout le monde dit que je fais plus vieux», se désole-t-il. La faute aux responsabilités qu’il accumule -Juncker a notamment été, entre 2005 et 2009, à la fois ministre des Finances du Luxembourg, Premier ministre de ce pays et président de l’Eurogroupe…
Et puis, il aime les «bonnes» choses. A commencer par le tabac. Le paquet de cigarettes jamais bien loin, il fume partout, jusque dans le bus de sa campagne des Européennes dans lequel 20 Minutes l’avait interviewé. Il apprécie aussi l’alcool, notamment la bière, le gin tonic et l’Aperol.
Jean-Claude, ce survivant
Juncker a toujours vécu à cent à l’heure. Son ascension a d’ailleurs été fulgurante: il a rejoint le Parti populaire chrétien social (CSV) à 20 ans, il en est devenu le secrétaire parlementaire à 25 avant d’en prendre la présidence, quelques mois plus tard. En 1982, à 28 ans à peine, Juncker est nommé secrétaire d’État au Travail et à la Sécurité sociale.
La route est bien tracée mais en 1989, c’est le drame: Juncker est gravement blessé dans un accident de voiture. Son état est critique. Il est plongé dans un coma dont il sortira deux semaines plus tard… Juste le temps de manquer la chute du mur de Berlin. A son réveil, il aura d’ailleurs du mal à y croire.
En 1995, Junker devient le Premier ministre du Luxembourg, poste qu’il occupera pendant 18 ans, avant d’être contraint à la démission, suite à «l’affaire des services secrets». Ces derniers sont accusés d’avoir fiché des milliers d’habitants et mené des écoutes illégales.
Jean-Claude, ce dinosaure
Il est «un vieux de la vieille» et c’est bien ce que ses détracteurs lui reprochent. Il le reconnaît lui-même: «L’euro et moi sommes les seuls survivants du traité de Maastricht». L’euro, d’ailleurs, c’est un peu lui: en 1991, Juncker devient l’un des principaux artisans du traité de Maastricht, notamment du volet touchant à l’Union économique et monétaire (UEM), dont il a rédigé lui-même de larges passages.
C’est aussi lui qui a créé, toujours en 1991, le principe du «opting out» pour le Royaume-Uni, comprenez le droit de se retirer, dans le but de sauver l’UEM. Cameron ne lui en est pas reconnaissant, lui qui a tout fait pour torpiller la candidature Juncker à la présidence de la Commission européenne.
Jean-Claude, ce social
Il est de droite, il a dirigé le Luxembourg -ce petit paradis fiscal-, il est sans conteste libéral et pourtant, Juncker est aussi très à cheval sur les questions sociales. Dans un entretien accordé à 20 Minutes en mai, il déclarait: «Je veux que chaque pays adopte le principe d’un salaire minimum (…). Je veux également l’instauration d’un revenu minimum d’insertion et d’un socle de règles communes en matière de droit du travail et du licenciement. Les salariés ne sont pas les ennemis de l’emploi et je suis allergique à la précarité et à la flexibilité sans borne et sans gêne».
Si Juncker est un ardent défenseur de la rigueur budgétaire, il s’était élevé contre le plan d’austérité appliqué à la Grèce: «On est en train d’ajouter le désespoir au malheur et le malheur au désespoir.» Cette fibre sociale, il la tient sans doute de son père, un ouvrier sidérurgiste et syndicaliste enrôlé de force par la Wehrmacht.
Jean-Claude, ce progressiste
Sur les grandes questions de société, Juncker est loin d’être un conservateur. En 2009, il s’est battu pour élargir les possibilités pour avorter dans le grand-duché. Il s’est également prononcé en faveur du mariage homosexuel, autorisé au Luxembourg depuis le 18 juin dernier.
Il faut dire que Juncker est un esprit libre. S’il est décrit par ses pairs comme un as de la négociation, il n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat, comme lorsqu’il a accusé l’Allemagne, il y a deux ans, «de faire de la politique intérieure sur le dos de l’Europe». Pas rancunière, Angela Merkel a quand même décidé de soutenir sa candidature à la présidence de la Commission européenne. Juncker le trublion reste toutefois toujours maître de lui-même: s’il a le verbe haut, il ne s’emporte jamais.