Jean-Pierre Jouyet, «l’ami de 30 ans» de François Hollande, entre à l’Elysée
PORTRAIT•Il prend en charge le secrétariat général, un poste hautement stratégique…Mathieu Bruckmüller
«J’ai déjà fait de la politique, ça m’a suffi et je ne souhaite pas en refaire! Ce sujet n’est donc pas d’actualité.» Interrogé le 17 mars par Les Echos, voici ce que répondait Jean-Pierre Jouyet quand il lui était demandé s’il voulait reprendre du service dans le dispositif gouvernemental. Trois semaines plus tard, c’est pourtant l’inverse qui se produit.
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Le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations va donc faire son grand retour politique puisqu’il a été nommé ce mercredi secrétaire général de l’Elysée, à compter du 16 avril, en remplacement de Pierre-René Lemas.
Il a fait l’Ena, comme Hollande
Un changement qui ne doit rien au hasard. Jean-Pierre Jouyet, 60 ans, est un très proche de François Hollande dont il fut le condisciple à l’Ena (promotion Voltaire). Après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, il devient secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, devenant l’un des piliers de a stratégie d’ouverture du chef de l'Etat, tout en faisant entendre sa différence au sein du gouvernement, et en se démarquant par exemple du projet sur les tests ADN dans le cadre du regroupement familial des immigrés.
Si cela avait fait grincer des dents au Parti socialiste y compris chez François Hollande, les deux hommes n’ont jamais rompu le contact. D’autant que l’expérience a tourné court. Dès décembre 2008, il quittait le gouvernement de François Fillon pour devenir président de l’Autorité des marchés financiers, deux mois après la chute de Lehman Brothers en novembre 2008, en pleine crise financière, contre laquelle il s’est battu, notamment en interdisant un temps certaines techniques spéculatives, comme les ventes à découvert.
Jouyet connaît bien Valls
Propulsé à la tête de la Caisse des dépôts (CDC) puis de la Banque publique d’investissement dans la foulée de la victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012, où son mandat courait jusqu’en 2017, il a musclé son organisation et fixé trois priorités pour les investissements: le logement, la transition énergétique et les infrastructures.
L’expérience de Jean-Pierre Jouyet à titre de directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin (1997-2002) devrait également lui être utile d’autant qu’il connaît bien Manuel Valls, alors responsable de la communication à Matignon de l’ancien Premier ministre.
Après la claque des municipales au moment où le chef de l’Etat plonge dans les sondages, François Hollande a justifié au Monde le recours à Jean-Pierre Jouyet, «l’ami de 30 ans»: «L’idée est de faire un changement qui s’inscrit dans le changement. Dès lors qu’une nouvelle équipe s’installait à Matignon, je souhaitais qu’il y ait une nouvelle équipe à l’Elysée» avec «une cohérence absolue, une équipe quasiment fusionnelle, une véritable unité de commandement» entre l’Elysée et le gouvernement.
Et en finir avec les couacs en série qui polluent depuis près de deux ans le quinquennat du président de la République.