Valls à Matignon: Un choix «assez surprenant» pour l’aile gauche du PS, «un suicide politique» pour Jean-Luc Mélenchon
REACTIONS•L'ancien ministre Luc Chatel estime lui que la nomination de Manuel Valls est une «prime à l'échec»...E.O.
Manuel Valls à Matignon, ça ne laisse pas indifférent. L’arrivée de l’actuel ministre de l’Intérieur au poste de Premier ministre a provoqué un flot de réactions, avant même la déclaration de François Hollande. «On soutiendra Manuel Valls comme on a soutenu Jean-Marc Ayrault», a affirmé Thierry Mandon, le porte-parole des députés socialistes. L’élu a vu derrière le choix de Valls «la réponse de l’audace». «C’est la bonne réponse», a poursuivi le député sur iTélé, «à une condition, c’est que cette audace soit marquée par un rééquilibrage social de l’action gouvernementale».
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a salué la désignation Manuel Valls comme Premier ministre, assurant que le PS «sera pleinement mobilisé» pour la réussite de son gouvernement. «Un nouveau temps du quinquennat s'ouvre désormais. Il sera marqué par la constance dans l'effort de redressement économique de notre pays et la mise en oeuvre du pacte de responsabilité, qui sera complété par un pacte de solidarité», a souligné Harlem Désir dans un communiqué.
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Le député PS Laurent Baumel, qui a appelé dimanche soir à l’«insurrection parlementaire» si le gouvernement n’opère pas de «réorientation», a indiqué apprécier «Manuel Valls pour ses qualités personnelles, son énergie, et sa politique sociétale». Mais, a poursuivi cet élu de l’aile gauche du PS, «cela ne change rien au besoin d’une inflexion de la politique gouvernementale […] avec des mesures de pouvoir d’achat et de conditions de vie, pour les classes populaires et moyennes».
«Comment rester sourd aux votes des derniers dimanches»
«Le choix de Manuel Valls est assez surprenant, compte tenu de l’analyse que l’on peut faire du scrutin municipal et de l’indéniable besoin de gauche qui s’est exprimé à l’occasion de cette élection», a déclaré Emmanuel Maurel, lui aussi membre de l’aile gauche du PS.
Jean-Luc Mélenchon s'est dit «très triste pour (son) pays» de la décision de nommer Valls à Matignon, dénonçant un «imbroglio droitier». François Hollande a nommé comme Premier ministre «le plus grand commun diviseur possible de la gauche (...) A un désastre électoral, le chef de l'Etat répond par un suicide politique» a continué le coprésident du Front de gauche devant la presse. Mélenchon a par ailleurs appelé «l’opposition de gauche à ce gouvernement» à manifester le 12 avril.
François Hollande «n'entend que de l'oreille droite», a critiqué de son côté Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF. «C'est un très mauvais signal», a-t-il poursuivi sur BFMTV.
Chez les écologistes, on ne cache pas non plus son scepticisme. «Valls à Matignon, ou comment rester sourd aux votes des derniers dimanches. Impressionnant», a réagi sur Twitter Julien Bayou, un des porte-parole d’Europe Ecologie- Les Verts.
« Valls a Matignon, ou comment rester sourd aux votes des derniers dimanches. Impressionnant. — Julien Bayou (@julienbayou) March 31, 2014 »
«Cet homme est dangereux»
A droite, le député et ancien ministre UMP Luc Chatel a jugé que «Manuel Valls a démontré son inefficacité», estimant que le nommer revient à donner «une prime à l’échec en matière de lutte contre l’insécurité, de lutte contre l’immigration clandestine et de lutte contre la montée du Front national». «J’attends de voir comment il va gérer les contradictions au sein du Parti socialiste», a-t-il continué, sur iTélé.
Jean-François Copé a lui estimé que «le limogeage» de Jean-Marc Ayrault «ne suffira pas à régler les problèmes» de la France. Ce n'est pas en changeant les hommes et en gardant la même politique que les choses vont changer en France», a ajouté le président de l’UMP dans une déclaration faite au siège du parti.
Sur France 2, François Fillon, lui-même ancien Premier ministre, a souhaité «bonne chance» à Manuel Valls à Matignon, tout en espérant «qu'il fera un peu moins de communication et qu'il aura un peu plus de résultats qu'au ministère de l'Intérieur».
Pour Marine Le Pen, le remplacement d’Ayrault par Valls «ne changera rien car […] c’est un changement de politique que les Français attendent et pas tant un mercato gouvernemental». «Cet homme est dangereux», a continué la présidente du FN lors d’une déclaration au siège du parti, «il n’a aucun respect pour les libertés publiques et les libertés individuelles des Français, il y a tout à craindre de sa nomination à un poste aussi important que Premier ministre».