Municipales 2014: Un scrutin lourd de conséquences
POLITIQUE•La lourde défaite du PS rebat les cartes du jeu politique...Maud Pierron
Plus de 155 villes perdues, dont certaines très symboliques comme Limoges, Toulouse ou Niort: la gauche tient ce lundi une sévère gueule de bois que les meilleurs médicaments ne feront pas disparaître rapidement. Tout simplement parce que cette débâcle est lourde de conséquences. 20 Minutes fait le point.
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Un remaniement de grande ampleur
Le président de la République François Hollande attendait de connaître l’ampleur de la défaite pour finaliser son remaniement. La claque envoyée par les Français lui impose une réponse rapide et forte. Pas de mini-remaniement ou de remaniement technique en vue donc. François Hollande semble peiner à résoudre la principale équation: qui pour Matignon? Favori des sondages, Manuel Valls hérisse la majorité. Du coup, on entend à nouveau circuler les noms de Laurent Fabius ou Jean-Yves Le Drian circuler. Ce nouveau gouvernement devrait être resserré et Ségolène Royal devrait faire son grand retour. Un changement de Premier ministre contraint et forcé car François Hollande comptait «user» Jean-Marc Ayrault jusqu’aux régionales du printemps 2015, où la gauche s’attend à une autre défaite. Du coup, il devra changer de stratégie pour la fin de son quinquennat.
Une défaite au Sénat en septembre
Si la gauche est majoritaire au Sénat depuis septembre 2011, même faiblement, le gouvernement, lui, ne l’est pas. Ce qui pose déjà bien des problèmes à l’équipe de Jean-Marc Ayrault. Et au vu des résultats de dimanche, la chambre-haute basculera sans aucun doute à droite en septembre prochain. Il y a 178 sièges à renouveler au suffrage universel indirect (par des maires, des députés, des conseillers généraux, etc.), dont 96 de droite et 82 de gauche. Et l’UMP, avant même le second tour, espérait récupérer 17 sièges, rapportait le JDD. Un chiffre qui devrait être encore plus conséquent puisque la vague bleue s’est amplifiée au second tour. «D'après nos calculs, le Sénat devrait repasser à droite en septembre, vu le nombre de villes de plus de 9.000 habitants, pourvoyeuses de grandes électeurs, qui ont basculé dans notre camp», a affirmé Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet du président de l'UMP Jean-François Copé, ce lundi matin. C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour l’exécutif, même si la gauche a l’habitude de gouverner avec un Sénat tenu par la droite. Rappelons que c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot.
Jean-François Copé remis en selle
Considéré par beaucoup comme illégitime après son élection controversée à la tête de l’UMP, fragilisé par des affaires le mettant directement en cause, Jean-François Copé était la cible idéale de beaucoup d’élus UMP avant les municipales. Un mauvais résultat et certains parlaient déjà de putsch pour remplacer le député-maire de Meaux. Mais voilà, la droite s’est surprise elle-même dans l’ampleur de la vague bleue et Jean-François Copé a beau jeu de s’arroger cette victoire politique. «Le premier parti de France, c'est l'UMP, de très, très loin, en nombre de voix comme en nombre d'élus», claironnait-il dimanche soir. Cette nette victoire pourrait légitimer le président de l’UMP, un peu comme la victoire du PS aux régionales de 2010 avait relégitimé la victoire entachée de fraudes de Martine Aubry à la tête du PS.
Changement des rapports de force dans la majorité
Souvenez-vous il n’y a pas si longtemps: des socialistes plaidaient pour une sortie du gouvernement des écologistes, rappelaient à quel point le PS avait été généreux lors de l’accord avec leurs alliés pour les législatives en 2012. Pendant ce temps, interpellés par les médias et leurs adversaires sur un maintien au gouvernement, les écologistes faisaient le dos rond. Aujourd’hui, ils pavanent. Ils ont en effet obtenu de bons scores aux municipales, doublé le PS à Grenoble par exemple, ainsi que leur nombre de conseillers à Paris. Et François Hollande prie désormais pour qu’ils restent au gouvernement après la sévère déculottée infligée par les Français dimanche. Alors les écologistes, Cécile Duflot en tête, font monter la pression et/ou les enchères: si c’est Manuel Valls, ils prennent la porte. Ou alors, il faut compenser par d’autres maroquins ministériels ou des responsabilités élargies...