VIDEO. Ecoutes/Sarkozy: «Ahurissant», «Gravité», «Le gouvernement a lâché les chiens»... Toutes les réactions aux révélations de Mediapart
FRANCE•Les révélations de Médiapart font réagir la classe politique...P.B. avec M.B.
Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog contre «ces bâtards» de juges. Mardi, le site Médiapart a diffusé des extraits de sept écoutes judiciaires portant sur des conversations entre l'ancien président et son avocat passées depuis des portables achetés sous de fausses identités.
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On y apprend notamment que le magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, serait intervenu auprès de trois membres de la Cour de cassation chargés d'examiner la validité des actes d'instruction dans l'affaire Bettencourt. Une information judiciaire a été ouverte pour trafic d'influence sur ce point. En outre, selon Médiapart, Me Herzog aurait été «informé par une taupe dans l'appareil d'Etat sur l'affaire libyenne» qui porte sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi.
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«Blessant pour la démocratie» si confirmé, selon le PS
Le parti socialiste a vite réagi par la voix de son porte-parole. «Les propos et les faits relatés sont absolument ahurissants et blessants pour la démocratie, si les faits sont avérés», a déclaré à l'AFP David Assouline. «Le style et les mots sont accablants. S'ils étaient avérés, on comprendrait mieux pourquoi l'UMP a déployé autant de rideaux de fumée et une telle violence contre l'institution judiciaire et des juges indépendants», a poursuivi le porte-parole. S'il prend des gants, c'est que même si des informations judiciaires ont été ouvertes, Nicolas Sarkozy n'a, pour l'heure, pas été mis en examen et est présumé innocent. «Que l'UMP laisse les juges travailler en toute indépendance!», conclut-il.
Toujours au PS, Jérôme Guedj, député de l'Essonne, a ironisé sur Twitter, postant un lien de la chanson «Bâtard» de Stromae, en référence au qualificatif utilisé par Me Herzog pour décrire les juges de Bordeaux de l'affaire Bettencourt.
« Spéciale dédicace à Thierry Heezog et Nicolas Sarkozy : RT Stromae - bâtard http://t.co/mg91Am3H81 via @youtube — Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) March 18, 2014 »
«Heureusement que Paul Bismuth n'a jamais été garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire !», a enchaîné Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère et président de la commission des lois de l'Assemblée nationale. Il fait ici référence au faux nom utilisé par Nicolas Sarkozy et son avocat pour acheter un portable quand ils ont soupçonné qu'ils avaient été placés sur écoute.
« Heureusement que Paul Bismuth n'a jamais été garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire ! — Jean-Jacques Urvoas (@JJUrvoas) March 18, 2014 »
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a souligné mercredi après le Conseil des ministres «l'extrême gravité des accusations et des soupçons» qui pèsent sur Nicolas Sarkozy, «Personne ne peut se réjouir de déclarations aussi délétères et aussi mortifères pour la démocratie», a-t-elle relevé tout en voyant «un motif de satisfaction et d'espoir» dans le fait qu'«aujourd'hui, la vérité et la transparence sont possibles et même inéluctables».
L'UMP en colère
Réaction outrée de Georges Fenech, député UMP et magistrat de formation. «C'est une atteinte à la présomption d'innocence et c'est un ministre en exercice qui se mêle d'une instruction en cours», a-t-il déclaré sur Europe 1, ajoutant qu'«on est en dehors de tous les grands principes de séparation des pouvoirs». «Le gouvernement a lâché les chiens, les ballons. On est en train de faire état de pièces sorties du dossier d'instruction», a pesté le député: «Comme il n'y a pas de mise en examen qui peut faire fuiter tout ça? Si ce n'est pas les juges, c'est le ministère de la justice».
Du côté des syndicats de magistrats, on se dit «abasourdis» par les extraits publiés de conversations entre Nicolas Sarkozy et Me Thierry Herzog.
«Si c'est avéré, c'est particulièrement grave», dit la secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Virginie Duval, interrogée par l'AFP. Si ces informations sont vérifiées, ce serait la preuve «qu'on essaye d'influencer la justice», ajoute-t-elle, appelant «tous les commentateurs politiques à se calmer» tout en rappelant que «nul n'est au-dessus des lois».
Tout cela «viendrait étayer le fait qu'on a un responsable politique qui utilise ses réseaux pour organiser son immunité», estime la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), Sophie Combes, dénonçant «une attaque directe de l'indépendance de la justice».