SOCIETEL'écotaxe cristallise les tensions en Bretagne où la révolte gronde

L'écotaxe cristallise les tensions en Bretagne où la révolte gronde

SOCIETELe ministre de l'Économie Pierre Moscovici maintient toutefois une entrée en vigueur au 1er janvier…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La grogne des Bretons contre l'écotaxe est montée d'un cran lors d'une manifestation houleuse samedi dans le Finistère, et les opposants se sont donné rendez-vous samedi prochain à Quimper pour un rassemblement qui s'annonce comme le point culminant de la mobilisation bretonne.

Samedi les manifestants avaient annoncé la couleur en se rendant devant le portique écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère) coiffés de bonnets rouges, symbole de la révolution antifiscale en Bretagne au XVIIe siècle, sous l'Ancien Régime.

Un millier de manifestants, 150 gendarmes mobiles

Leur objectif était de faire tomber le dernier des trois portiques écotaxe encore en état de fonctionner dans le Finistère. Les opposants avaient déjà tenté le samedi précédent de faire tomber ce portique, mais en vain.

Cette fois ils étaient trois fois plus nombreux. Un millier de manifestants au bas mot, avec 250 camions, des tracteurs aux remorques pleines de dizaines de tonnes de choux-fleurs, de bottes de paille et de pneus qu'ils ont enflammés, d'oeufs....

Ils se sont heurtés à 150 gendarmes mobiles renforcés en fin de journée par plus d'une centaine de CRS. «On fera tout, dans la limite du raisonnable, pour empêcher la destruction de ce portique», a affirmé à l'AFP ce dimanche le préfet du Finistère Jean-Luc Videlaine.

Une personne grièvement blessée

Lors des affrontements un manifestant a été grièvement blessé et deux autres légèrement, et côté gendarmes on dénombre six blessés légers, a-t-il précisé.

La circulation sur la RN 165, reliant Brest à Quimper, ne reviendra pas à la normale avant «plusieurs jours» en raison de l'état de la voirie après la manifestation, a-t-il dit.

C'est la première fois que ces manifestations contre l'écotaxe, qui durent depuis plusieurs mois en Bretagne, atteignent un tel niveau de violence. Samedi dans les rangs des manifestants on ne parlait même plus de manifestation mais de «révolte».

Le gouvernement refuse de céder

Mais l'écotaxe cristallise aujourd'hui toute la grogne des Bretons qui voient l'agriculture et l'agroalimentaire, piliers de leur économie, s'effondrer, et les plans sociaux se multiplier.

Les politiques bretons, même socialistes, à tous les échelons des institutions locales, ne sont pas en reste pour demander au gouvernement de revoir sa copie sur l'écotaxe, ou tout bonnement son annulation.

Mais le gouvernement a eu beau promettre de possibles ajustements d'ici la mise en service de l'écotaxe poids lourds, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, et un rabais de 50% pour la Bretagne, il refuse de céder sur sa date de mise en application. «Elle est prévue pour le 1e janvier», a ainsi réaffirmé dimanche sur Europe 1 le ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici.

«Un problème de bon sens»

Le gouvernement va devoir faire face à «la détermination d'une Bretagne debout, qui veut vivre», a affirmé ce dimanche Christian Troadec, maire (DVG) de Carhaix (Finistère).

Son collectif «Vivre, décider et travailler en Bretagne» organise la manifestation samedi 2 novembre à Quimper «Pour l'emploi et la Bretagne et contre l'écotaxe» où se retrouveront les opposants de toute la région.

La mobilisation se prépare à tous les étages de l'économie bretonne, de la fédération du bâtiment aux marins en passant par les transporteurs «qui se mobilisent très très fortement», relève l'élu. «Il y a un problème de bon sens, au moment où l'économie va mal, aller appliquer l'écotaxe en Bretagne, c'est hallucinant.»

Marine Le Pen «soutient» les Bretons

"Je soutiens [les Bretons] quand ils expriment leur colère de la manière dont ils sont traités alors qu'ils vivent l'austérité généralisée, que la plupart d'entre eux n'auront plus d'emploi, seront au chômage», a déclaré Marine Le Pen, invitée de «12-13 Dimanche» sur France 3.

«Je comprends leur colère et je comprends qu'ils manifestent», a-t-elle dit, comme on lui demandait si elle approuvait les débordements ayant eu lieu samedi dans le Finistère.