Duflot attaque Valls: Hollande refuse de réagir, mais doit trancher pour la droite
POLITIQUE•Les propos de Manuel Valls sur les Roms n'ont pas plu à sa collègue Cécile Duflot qui a en a appelé à la responsabilité du Président. Les réactions...20 Minutes avec AFP
François Hollande, en déplacement en Lorraine, s'est refusé jeudi à tout commentaire sur les attaques de Cécile Duflot contre Manuel Valls sur la question des Roms. La ministre écologiste du Logement Cécile Duflot a attaqué avec virulence son collègue de l'Intérieur Manuel Valls pour ses propos sur les Roms et en a appelé au président Hollande, mettant à mal la solidarité gouvernementale.
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Agacé, le président s'est refusé à la moindre déclarations aux journalistes qui le pressaient de questions sur ce point. «Je ne veux pas alimenter une polémique qui n'a pas lieu d'être aujourd'hui», avait déclaré juste avant à la presse la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui accompagnait le président lors de ce déplacement.
Pour les salariés de Florange, la visite du président, «c'est un jour majeur, un jour très important. Je pense qu'il faut respecter ces travailleurs et les respecter, ça veut dire aussi respecter la parole du président quand il vient s'adresser à eux», a insisté l'élue de Lorraine.
Valls refuse de répondre
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a affirmé jeudi qu'il ne se laisserait «dévier par aucune querelle». «Gouverner, c'est regarder lucidement la société, c'est lui apporter des réponses en fonction de nos valeurs républicaines, de nos engagements. Je ne me laisse dévier par aucune querelle», a-t-il déclaré en réponse à sa collègue écologiste au gouvernement, en marge de l'inauguration des journées Protestants en fête à l'Hôtel de Ville de Paris. «J'ai en charge (...) les politiques migratoires. C'est un sujet complexe, difficile. Et j'ai surtout en charge, évidemment, la sécurité de nos compatriotes (...) Moi, je ne polémique en rien avec quiconque et encore moins avec un membre du gouvernement», a-t-il dit.
Le ministre a répété que son action est «celle d'un homme de gauche». «J'ai le devoir (...) d'écouter l'exaspération, les colères, les souffrances de notre peuple», a-t-il argumenté.
Copé demande à Hollande de trancher
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a demandé «solennellement» à François Hollande «de trancher immédiatement le différend» qui oppose les ministres. «Je demande solennellement à François Hollande de trancher immédiatement le différend qui oppose ses deux ministres et de définir clairement sa ligne politique» sur les Roms, a-t-il déclaré.
L'ancien ministre de l'Intérieur UMP, Brice Hortefeux, a qualifié les accusations de la ministre du Logement d'«extrêmement lourdes» sur RTL. «François Hollande doit faire ce qu'il ne sait pas faire c'est-à-dire trancher, décider, sanctionner».
Ayrault botte en touche
Jean-Marc Ayrault, invité à «un verre de l'amitié» pour la clôture des journées parlementaires d'EELV jeudi à Angers, a renvoyé à la «circulaire» d'août 2012 sur les Roms. Le sujet de Roms avait été abordé à l'été 2012, «nous avons fait une réunion interministérielle que j'ai présidée, cela s'est traduit par une circulaire que Cécile Duflot a signée, que Manuel Valls a signée, que Michel Sapin a signée (...) que les ministres ont signée», a rappelé le Premier ministre.
«C'est la politique du gouvernement. Je l'ai relu ce matin, il y a tout dedans, y compris la fermeté, y compris le respect du droit mais aussi tout le travail d'intégration, tout le travail d'accompagnement social», a-t-il ajouté. «J'ai une ligne : je veux être en permanence celui qui ramènera à l'essentiel», a-t-il dit. En quittant la salle, Jean-Marc Ayrault a embrassé Cécile Duflot en lui souhaitant «bon courage».
Bartolone estime que Duflot est «dans son rôle»
Le président PS de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a jugé de son côté que Cécile Duflot était dans «son rôle» quand elle s'attaquait à Manuel Valls. «Elle est dans son rôle quand elle est devant son parti et ses parlementaires. Elle est ministre, mais une ministre qui représente une certaine sensibilité. Nous sommes une majorité de gouvernement, il ne peut y avoir d'alignement», a déclaré Claude Bartolone, en marge des journées parlementaires écologistes à Angers.
«Je comprends qu'elle puisse avoir cette réaction qui correspond à la philosophie traditionnelle des Verts», a-t-il ajouté. Pour autant, Claude Bartolone «n'en veut pas» à Manuel Valls pour ses déclarations et comprend les «figures imposées» par le ministère de l'Intérieur. «J'aurais voulu qu'on insiste plutôt sur l'obligation de scolariser les enfants», a ajouté l'élu de la Seine-Saint-Denis, où il y a de nombreux campements roms.
La ministre du Logement a accusé son collègue de l'Intérieur d'être «allé au delà de ce qui met en danger le pacte républicain» et en a appelé au chef de l'Etat. Manuel Valls avait dit que seule une «minorité» des Roms «voulait s'intégrer».