Le front républicain PS-UMP, quand le mariage tourne au divorce

Le front républicain PS-UMP, quand le mariage tourne au divorce

POLITIQUE – La stratégie d'une coalition de circonstance entre PS et UMP pour faire barrage au FN est critiqué tant à l'UMP qu'au PS...
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

La stratégie d’un front républicain entre PS et UMP pour faire barrage au Front national a-t-il explosé? Le résultat de la législative partielle dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, avec la victoire du candidat UMP Jean-Louis Costes (53,76%) face au FN Etienne Bousquet-Cassagne (46,24%) semble modifier la règle politique informelle selon laquelle les partis républicains de droite et de gauche s’unissent ponctuellement pour faire barrage au FN. Cette dernière avait notamment fonctionné en 2002, avec, au second tour de la présidentielle, un face-à-face entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, qu’avait largement remporté le président sortant.

Dimanche à Villeneuve-sur-Lot, dans une élection marquée par une forte abstention et un pourcentage élevé de vote blanc ou nul (14,25%), le candidat frontiste a gagné 7.000 voix entre les deux tours, soit une «progression spectaculaire» a estimé Marine Le Pen. La présidente du FN a jugé que «le principal enseignement de cette élection est que le soi-disant front républicain est mort.»

«Voiture balai» que représente le FN

Forcément mort, le front républicain? Cette alliance de circonstance entre l’UMP et le PS est en tout cas attaquée par les deux partis de gouvernement. «Comme pour le mariage, le front républicain se fait à deux, sauf que là il n’y a plus personne à l’UMP», juge le député PS du Val d’Oise Philippe Doucet. Une UMP devenue absente sur sa ligne politique, estime l’élu, car «parasitée par la droitisation qu’a lancé Nicolas Sarkozy lors du discours de Grenoble et les débats internes qui en découlent», ajoute-t-il.

>> Quelles leçons les différents partis tirent de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot?

«Dans l’élection de dimanche, rappelons qu’il y a aussi un contexte local particulier, la crise, le sentiment de délaissement du monde rural… des problèmes auquel le PS devrait répondre en changeant vraiment de politique, à moins de devenir autiste», ajoute le co-animateur de Gauche populaire, un courant au sein du PS mettant l’accent sur les couches populaires et moyennes.

«Dire que le FN est un parti fasciste, on ne le vendra pas 150 ans»

«Une droitisation de l’UMP responsable de la montée du FN? Faux!», rétorque Geoffroy Didier, co-fondateur de la Droite forte, un mouvement à la droite de l’UMP, sensible aux idées de Patrick Buisson. «Je ne me soucie pas du FN, un parti avec qui nous n’avons d’alliance. Ce qui m’importe, c’est d’apporter des réponses aux angoisses des électeurs qui se sentent abandonnés et se tournent vers ce parti. Et dire que le communautarisme existe bel et bien, ce n’est pas de la droitisation», développe-t-il.

Quant au front républicain, le conseiller régional d’Ile-de-France juge que «c’est une posture politicienne, d’appareil, aujourd’hui dépassée car s’il avait fonctionné dimanche, l’UMP aurait gagné à 75%, ce qui n’est manifestement pas le cas». «Cette histoire de front républicain pourrait donner l’idée qu’il existe une collusion entre l’UMP et le PS. Sauf que ce vieux logiciel attrape-gogo profiterait, à la fin, à la voiture balai FN et ses idées grotesques», juge Geoffroy Didier.

Le prochain test pour mesurer le poids du Front national et l’efficacité d’un hypothétique front républicain sera les élections européennes de 2014. «Le FN est un danger mortel tant à droite qu’à gauche», glisse le député PS Philippe Doucet. «Et dire que le FN est un parti fasciste, on ne le vendra pas 150 ans. Il nous faut apporter d’autres réponses, alors que le contexte est très tendu», ajoute l’élu.