Pourquoi François Hollande croit encore à une baisse du chômage en 2013

Pourquoi François Hollande croit encore à une baisse du chômage en 2013

POLITIQUE – Alors que l’ensemble des organisations économiques prétend le contraire, le président de la République y croit. De toute façon, il ne peut pas dire le contraire…
Matthieu Goar

Matthieu Goar

Est-il le seul à y croire encore? François Hollande a beau afficher son volontarisme pour inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année, l’ensemble des organisations économiques table sur un futur beaucoup plus sombre. Jeudi matin, l'OCDE a annoncé qu’elle prévoyait un taux de chômage en France de 11,1% en 2014, après 10,7% cette année. La semaine dernière, l’Unedic, même si elle annonçait un ralentissement de la hausse, estimait que le nombre de chômeurs continuerait à augmenter jusqu’à 3,3 millions fin 2013. Une hausse qui continuerait même en 2014 (+128.000).

Sourd à ces oiseaux de mauvais augure, Hollande persiste. Lors de sa conférence de presse, puis mercredi, le président de la République a répété sa promesse d’inverser la courbe du chômage avant la fin 2013. Un engagement qui date de la campagne de 2012, avant que les perspectives de croissance de la France ne soient révisées plusieurs fois à la baisse. Entouré d’un quarteron de ministres optimistes, le Président s’appuie sur quelques données objectives.

La montée en puissance des outils

Selon lui, la montée en puissance des outils mis en place va ralentir de plus en plus fortement la hausse. «Bien sûr, ce n’est pas l’activité économique seule qui permettra cette inversion», explique un proche de Hollande. Pour le moment, moins de 20.000 emplois d’avenir (sur les 100.000 promis) ont été mis en place. L’Elysée compte beaucoup sur la rentrée scolaire et les associations sportives pour recruter en septembre. «Un tiers des emplois aidés sera mis en place avant la fin du premier semestre. Les deux tiers restants le seront lors du deuxième semestre. Nous sommes en avance sur nos prévisions», poursuit un ministre.

L’autre donnée qui éclaire les journées de l’Elysée est la démographie. Moins de jeunes devraient faire leur entrée sur le marché du travail lors du deuxième semestre. «Parfois, cela va jusqu’à 20.000 personnes en moins, ça peut jouer beaucoup sur les calculs», explique un conseiller élyséen qui table sur une stabilisation à la fin de l’été et une baisse en novembre.

Le problème central de la croissance

Reste le problème central de la croissance, nulle en 2013. En ce moment, l’Elysée s’acharne surtout à bloquer les destructions d’emploi cette année avec les emplois d’avenir et les contrats de génération. Pour la suite, le président de la République, qui a déclaré que la «crise est derrière nous», est plus optimiste que les organismes économiques. Alors que l’Unedic a réalisé ses calculs sur une perspective de croissance de 0,7%, le ministère du Travail table toujours sur une croissance de 1,3% en 2014 avec un retour de la croissance plus précoce.

«Le problème avec cette longue crise est qu’elle fausse aussi les outils statistiques traditionnels. Voilà pourquoi nous ne sommes pas tous d’accord», lâche un ministre. La dernière raison de l’optimisme élyséen est politique: «De toute façon, si Hollande disait le contraire, il enverrait un tel signal négatif au monde économique qu’il aggraverait la crise», conclut un proche.