Les députés socialistes étalent leur malaise face à l'exécutif
POLITIQUE•Ils veulent notamment être plus écoutés par l'exécutif...M.P. avec Reuters
Comme un air de thérapie de groupe. Les 279 députés socialistes se sont retrouvés lundi à l’Assemblée pour leur premier séminaire depuis l’élection de François Hollande, il y a quasiment un an. L’occasion pour eux d’exprimer un mal-être, sur le forme mais aussi sur le fond, vis-à-vis de l’exécutif. Certains ont demandé plus d’écoute de la part du gouvernement mais d’autres exigent un changement de cap, comme l'avaient fait Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Benoît Hamon il y a quinze jours.
C'est un «certain malaise» qu'ont exprimé les élus lors de leur réunion à huis clos, a dit à Reuters Thierry Mandon, porte-parole des 293 députés du groupe PS et apparentés. «On n'a pas parlé beaucoup sur la ligne mais sur le manque de considération. Un député nous a dit 'on sert à rien', un autre : 'on a l'impression que pour le gouvernement, on est un passage obligé'», a-t-il ajouté, disant vouloir «trouver un chemin» pour que le groupe ne soit «ni déloyal ni godillot».
Pour Jérôme Guedj, un des chefs de file de la gauche du PS, «tout le monde en avait gros sur la patate du fonctionnement des choses entre les députés, les ministres, le gouvernement dans son ensemble».
Ayrault vient donner «un message de confiance»
Pourtant, Jean-Marc Ayrault a tenté de mobiliser ses troupes au moment où la contestation de la politique économique du gouvernement gagne du terrain au sein du PS «Je suis venu donner un message de confiance et d'espoir aux députés», a dit Jean-Marc Ayrault à son arrivée à l'Assemblée nationale, où il est venu accompagné de plusieurs ministres. «Nous pouvons réussir à condition que chacun s'y mette, se rassemble, et aille à l'essentiel.»
Pourtant, même des ministres semblent être gagnés par le malaise. «Il faut un rebond avant», confie ainsi un ministre, qui recourt à un aphorisme d'une figure de la communication: «La fonction présidentielle, ce sont les trois 's' : secret, silence et solitude. Le président est dans ce moment-là.»
Plusieurs parlementaires de la majorité ont également dénoncé lundi l'importance accordée aux «experts» dans le gouvernement, et demandé des réunions plus fréquentes avec le président, hors de l'Elysée, pour marquer une rupture avec la pratique de Nicolas Sarkozy quand il était président.
Contestation de l'aile gauche et de Bartolone
«Quelqu'un a dit qu'il était dommage dans ce pays que tout le monde puisse rencontrer le président de la République sauf les députés socialistes», a dit Bruno Le Roux, président du groupe, lors d'une conférence de presse. «Je me suis promis de régler très vite ce qui me semble anormal». Outre le manque de «considération» déploré par de nombreux parlementaires et qui semble avoir dominé le séminaire des députés, lundi, des dissensions se font jour au sein de la majorité sur la politique du gouvernement.
L'aile gauche du PS demande depuis plusieurs mois déjà une «inversion des priorités» et une politique de relance, mais son discours gagne désormais du terrain dans le parti. Trente-cinq députés socialistes se sont abstenus lors du vote du texte sur la sécurisation de l'emploi, porté par le gouvernement et contesté par plusieurs syndicats. «Nous avons souhaité l'unité de tous les députés sur les votes», a dit lundi Bruno Le Roux à l'issue du séminaire de son groupe.
La politique économique n'est pas le seul sujet qui divise le parti. Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, s'est en effet illustré ces dernières semaines en menant la fronde contre le projet de publier le patrimoine des parlementaires.