Refondation de l'école: Les objectifs passés au crible par les députés
EDUCATION•L'Assemblée nationale a achevé dans la nuit de vendredi à ce samedi, à 4h, l'examen du projet de loi de «refondation de l'Ecole de la République», qui sera soumis à un vote global mardi...© 2013 AFP
Formation des professeurs, créations de postes, enseignement moral et civique, numérique à l'école: les députés ont passé au crible pendant une semaine les objectifs du ministre de l'Education Vincent Peillon, qui a échappé à un tir de barrage massif sur les rythmes scolaires.
L'Assemblée nationale a achevé dans la nuit de vendredi à ce samedi, à 4h, l'examen du projet de loi de «refondation de l'Ecole de la République», soumis à un vote global mardi prochain. L'une des dernières mesures votées a été l'une des plus importantes du texte: la création d'Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE). La formation pédagogique pour les futurs enseignants, disparue depuis la suppression en 2010 des IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres), est ainsi rétablie.
Discussion généralement calme
Pour le reste, les députés de l'opposition et le ministre ont ferraillé plus souvent, durant une discussion généralement calme, sur des principes que sur des dispositions d'application immédiate. L'autre mesure phare du projet, la création de 60.000 postes sur cinq ans, conformément à la promesse de campagne de François Hollande, ne se concrétisera qu'au fil des budgets votés chaque année.
Elle n'a trouvé sa place dans ce texte d'orientation et de programmation qu'à travers un rapport annexé à l'article 1er, voté dans la nuit de jeudi à vendredi, et détaillant les objectifs gouvernementaux dans l'Education. L'UMP et l'UDI, qui avaient déposé plus de 1.400 amendements sur le projet de loi, ont jugé ce rapport «inutile» et «bavard».
Pour le gouvernement, il constituait le meilleur moyen d'affirmer des priorités, au premier chef pour l'école primaire, dans un texte solennel voté par le Parlement, alors qu'en fait, en matière d'éducation, les principales décisions sont prises par décrets ou circulaires. C'est d'ailleurs le cas de la réforme controversée de la semaine scolaire de quatre jours et demi, décidée par décret en janvier. Un article du projet de loi s'y rapporte cependant en créant un fonds d'aide aux communes pour la mise en place des rythmes scolaires.
Pas de réforme des structures de l'Education
Les orateurs de l'opposition ne se sont pas fait faute, y compris dans les dernières heures du débat, d'accuser le ministre d'avoir foulé au pied la concertation dans cette affaire, et de mettre en difficulté les communes. Vincent Peillon a répété que la semaine de quatre jours et demi était «dans l'intérêt des élèves», contrairement, selon de nombreux experts, à celle de quatre jours décidée par la précédente majorité.
Mais cette question est loin d'avoir accaparé l'essentiel des débats, beaucoup moins qu'aurait pu le laisser croire l'ampleur de la polémique sur le sujet. L'opposition a surtout reproché au gouvernement de ne pas procéder à une réforme des structures de l'Education, qui devrait, selon elle, être fondée sur l'autonomie des enseignants et des établissements. La gauche a fustigé la politique éducative de la droite quand elle était au pouvoir, en particulier les suppressions de postes.
Un «enseignement moral et civique»
Vendredi, les députés ont ajouté la «culture» au «socle commun de connaissances et de compétences» que doit acquérir tout élève au terme de sa scolarité obligatoire. Ils ont ensuite instauré «un service public du numérique éducatif et de l'enseignement à distance» destiné à mettre à la disposition des écoles des ressources pédagogiques fondées sur les outils numériques, avant de remplacer «l'éducation civique» par un «enseignement moral et civique».
Si pour Vincent Peillon et le PS, cet enseignement doit «amener les élèves à devenir des citoyens responsables et libres, à se forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi», nombre de députés UMP, tel Jean-Frédéric Poisson, y voient une vision «laïcarde, socialiste et assumée».
Comme elle l'avait déjà fait le mois dernier, la socialiste Sandrine Mazetier, de même que l'écologiste Barbara Pompili, a mis en cause, lors des débats, le terme «d'école maternelle», qui renvoie trop selon elle à l'image de la seule mère. L'Assemblée a aussi voté l'abrogation d'une réforme de 2011, qui à l'initiative du député UMP Gérard Cherpion, abaissait à 14 ans l'âge de l'apprentissage.