Sarkozy souffle le chaud et le froid sur un éventuel retour

Sarkozy souffle le chaud et le froid sur un éventuel retour

Le retour ou la retraite? Nicolas Sarkozy ne cesse d'envoyer des signaux contradictoires qui lui permettent d'entretenir la flamme auprès des électeurs de droite dont il est, selon les sondages, le grand favori pour 2017.
© 2013 AFP

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Le retour ou la retraite? Nicolas Sarkozy ne cesse d'envoyer des signaux contradictoires qui lui permettent d'entretenir la flamme auprès des électeurs de droite dont il est, selon les sondages, le grand favori pour 2017.

"Est-ce que j'ai envie de revenir? Non", lâche l'ancien président, selon des propos rapportés par l'hebdomadaire Valeurs actuelles, à paraître jeudi. Mais "il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus +avez-vous envie?+ mais +aurez-vous le choix?+. "Dans ce cas (...), effectivement, je serai obligé d'y aller. Pas par envie, par devoir. Uniquement, parce qu'il s'agit de la France", ajoute-t-il.

S'il ne mettait pas autant de bémols (il dit également dans Valeurs actuelles que "la politique, c'est fini", le monde politique lui procurant "un ennui mortel"), on pourrait croire que le bras de fer est déjà engagé avec François Fillon. Ce dernier lui a d'ailleurs sèchement répondu au micro de BFMTV/RMC que ce n'était "pas un casting, le sujet d'aujourd'hui!".

Selon deux sondages, l'ancien chef de l'Etat demeure, et de loin, le candidat que les Français de droite souhaitent pour l'élection présidentielle de 2017: c'est le cas pour 56% d'entre eux, selon une enquête Ifop pour le site Atlantico et pour 54%, selon une étude BVA. A chaque fois, il devance très largement François Fillon, en route pour la primaire de 2016, (17% et 16%) ou Jean-François Copé, le président de l'UMP, (4% et 5%).

"Ce n'est plus Fillon contre Copé. Maintenant, on est dans l'étape Sarkozy/Fillon", affirmait il y a quelques jours un responsable UMP à l'AFP.

François Fillon, qui vient d'entamer un tour de France de 18 mois à la rencontre des Français pour préparer son projet et considère désormais qu'après deux défaites (présidentielle et législatives) Nicolas Sarkozy et lui-même sont désormais "au même niveau", préfère ne voir dans les propos de l'ancien président qu'"un feuilleton qui va occuper, animer tous les commentateurs politiques pendant des semaines et des mois".

"La seule chose qui compte, c'est qu'on ait un projet politique. On verra après qui est le mieux à même de (le) porter", a réaffirmé le député de Paris.

Un avis partagé par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

"Il n'y a rien qui presse", a lâché sur LCI le sénateur de la Vienne en réponse à une question sur son envie de voir revenir Nicolas Sarkozy dans le jeu politique. L'important pour l'UMP, dit-il, "c'est de construire un projet et de rebâtir un dialogue avec les Français".

De projet, Nicolas Sarkozy, dix mois seulement après sa défaite face à François Hollande, semble déjà en dessiner les contours. Si son retour "ne passe pas par la politique", comme il le dit, "en revanche, il passe par une crédibilité internationale incontestée. C'est donc très important que je continue à voyager", dit-il, alors qu'il multiplie les conférences dans le monde.

Ces derniers jours, il était de nouveau à Abou Dhabi.

Son retour "passe aussi par une crédibilité économique car les Français ont soif de cela. Et il faut s'attendre à me voir prendre des initiatives économiques fortes", assure-t-il, sans préciser lesquelles.

Selon un responsable de l'UMP, ce pourrait être un "fonds d'investissement" destiné à "venir en aide aux entreprises en difficulté"... Et de préserver des emplois, sur fond de chômage record. "Un bon point pour Nicolas Sarkozy!", a affirmé ce responsable à l'AFP.

Deux mois après la grave crise à l'UMP qui a fait perdre de leur crédibilité à MM. Fillon et Copé auprès de l'opinion, l'ancien chef de l'Etat ne cherche pas à jeter de l'huile sur le feu. Pas un mot sur le parti qu'il avait présidé jusqu'à 2007. Ni sur M. Fillon, bien décidé, si M. Sarkozy veut revenir, à le soumettre, comme lui-même, à une primaire.

Il préfère concentrer ses attaques sur la politique sociale et industrielle du gouvernement. "On va au devant d'événements graves", prédit l'ex-président.

Mais dans ses discussions avec les visiteurs qui se pressent dans ses locaux parisiens de la rue de Miromesnil, Nicolas Sarkozy est plus clair: "il m'a dit +soit quelqu'un émerge et je n'irai pas en 2017, soit personne n'émerge et je suis contraint d'y aller+. Et il fait le pari que personne n'émergera", confie l'un d'entre eux à l'AFP.

"Neuf mois de vacances au soleil parsemées de conférences privées, ça fait un peu court, franchement, pour se présenter comme un sauveur", a ironisé auprès l'AFP le premier secrétaire du PS Harlem Désir.

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