Mali: La classe politique réagit à l'intervention militaire française
RÉACTIONS•ertaines voix se font entendre pour critiquer la décision de François Hollande d’intervenir militairement au Mali...M.P.
Dans sa grande majorité, la classe politique soutient l’intervention française au Mali. Les socialistes appuient évidemment le Président mais certaines voix se font entendre, à droite comme à gauche, pour critiquer l’opération en cours. Jean-Marc Ayrault informera le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale lundi soir, ainsi que les présidents de groupes politiques et ceux des commissions des Affaires étrangères et de la Défense des deux assemblées. 20 Minutes a sélectionné quelques réactions emblématiques.
«Une opération justifiée» pour Alain Juppé
Sur France info, l’ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères a soutenu ce lundi l’opération militaire en cours. «La menace qui s’aggravait sur Bamako et l’ensemble du Mali était inacceptable. Et si les terroristes s’étaient emparés de l’ensemble du pays les conséquences auraient été incalculables sur l’ensemble de la zone sahélienne», a-t-il dit. «On ne pouvait pas laisser faire cela. Ce n'est pas la France qui a pris l'initiative, ce sont les terroristes qui ont attaqué en avançant vers les sud. Il fallait stopper cela, c’est la raison pour laquelle j’ai considéré que cette intervention était justifiée». Par ailleurs, il juge qu’aucun autre pays à part la France aurait pu intervenir. «Qui d’autre l’aurait fait? Les autorités maliennes ont fait appel à la France, nous avons avec ce pays des relations historiques. Le conseil de sécurité a donné son feu vert à plusieurs reprises à la préparation d’opérations internationales. La progression de ce terrorisme fanatique au Sehal est une menace pour l’Europe toute entière», a-t-il insisté.
«Une intervention nécessaire» pour Copé
«Je considère que l'intervention française était nécessaire», a expliqué Jean-François Copé dimanche sur Europe 1. «Je considère que la lutte contre le terrorisme islamiste doit mobiliser la totalité de la communauté internationale et en tout état de cause la communauté nationale», a-t-il ajouté. «Mais j'espère simplement que c'est une intervention qui a été prévue de longue date et que toutes les dispositions sont prises pour sécuriser nos compatriotes dans l'ensemble de la région et pas simplement au Mali», a-t-il poursuivi.
Une opération «légitime» pour Marine Le Pen
La présidente du Front national a jugé lundi sur RTL que l'intervention française est «légitime», ajoutant toutefois que la France avait sa part de responsabilité. «Je pense que le développement des islamistes au Nord Mali est la conséquence directe de l'action, des choix, des erreurs manifestes, stratégiques, qui ont été faits notamment en Libye et en Syrie», a-t-elle développé. Selon Marine Le Pen, l'intervention française n'est pas une ingérence mais répond à «une demande d'un gouvernement modéré avec lequel nous avons une coopération de défense et qui se trouve aux prises avec une avancée de fondamentalistes islamiques.»
Une opération «discutable» pour Mélenchon
Le patron du Parti de gauche n’est pas du tout convaincu de l’intervention française au Mali, jugeant que la méthode ne règlera rien. «Laquelle des guerres qu'il fallait mener d'urgence et qui serait la solution au problème a-t-elle réussi au cours des vingt dernières années? Est-ce l'Irak, l'Afghanistan, la Libye à l'origine de la propagation des armes? C'est pourquoi, je dis qu'il est discutable de penser que l'intervention armée sera la solution», a-t-il développé ce lundi matin sur France info tout en apportant son soutien aux militaires déployés. D’après lui, ce n’était pas à la France de mener une intervention qui rappelle la Françafrique. «Puis-je poser la question: il n'y a pas d'armée qui soit au niveau dans cette zone? Il n'y a pas un pays qui s'appelle l'Algérie? C'est le rôle des Africains (d'agir), les Africains sont des adultes. Nous sommes en train de reprendre l'habitude d'intervenir par ci par là». Autre point qui l’agace: le Parlement n’a pas été consulté avant, alors que l’opération était dans les tuyaux depuis des mois.
Une «mascarade» pour Noël Mamère
Le député Europe Ecologie Les Verts s’est exprimé dans une courte déclaration aurpès de l’AFP: «Si on ne peut être que d'accord pour mettre un coup d'arrêt à la progression d'Aqmi, qui développe des idées fascisantes, on ne peut que s'étonner que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu'une fois les opérations lancées. Les écologistes ont toujours exigé qu'avant toute intervention militaire française le Parlement débatte et vote, comme ce fut le cas pour l'Afghanistan, c'était aussi la position du PS mais ces exigences ont été oubliées. On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S'il y avait un vote au Parlement, je refuserais de participer à cette mascarade.»
«Aucune des conditions de la réussite n’est réunie», pour Dominique de Villepin
L’ex-patron emblématique du Quai d’Orsay s’est fendu d’une tribune dans le JDD pour dire tout le mal qu’il pense de l’intervention au Mali. «Aucune des conditions de la réussite n’est réunie», écrit-il, s’inquiétant du «déjà-vu des arguments de "la guerre contre le terrorisme"». Et d’ajouter: «Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye». «Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des jihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'Aqmi sont autant de guerres différentes», écrit-il. «Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide», «nous nous battrons dans le vide, faute d'appui régional solide, insiste l’ancien diplomate. «un processus politique est seul capable d'amener la paix au Mali».
«Une intervention militaire impérialiste» pour le NPA
«Qui a dit que la Françafrique c’était fini?», tonne le NPA dans un communiqué publié sur son site. «Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples! Ce n’est pas de cette façon que les Maliens se libéreront de tous les fondamentalismes», conclut le texte.