POLITIQUEUMP: Pourquoi l'élection a tourné au fiasco

UMP: Pourquoi l'élection a tourné au fiasco

POLITIQUE«20Minutes» fait le point...
Anne-Laëtitia Béraud, avec Reuters

Anne-Laëtitia Béraud, avec Reuters

Une élection, deux vainqueurs revendiqués, pas de résultat officiel. L’élection du président de l’UMP a viré au fiasco dimanche soir, et ce lundi, aucune indication ne permet de départager Jean-François Copé de François Fillon. Comment en est-on arrivé à ce résultat? Quels sont les éléments qui ont concouru à l’échec de cette élection interne à l’UMP? 20Minutes fait le point.

-Une confusion sur les buts de l’élection (président de l’UMP et motions)

Les adhérents UMP étaient invités dimanche tant à désigner «un ticket» pour la tête dirigeante du parti (président, vice-président, secrétaire général) pour un mandat de trois ans, qu’à se prononcer en parallèle sur différentes «motions» au sein de leur formation politique. Celles-ci, si elles obtiennent au moins 10% des suffrages, deviendront des «mouvements», une nouveauté à droite. Deux élections en une, le risque de confusion sur les buts de ces élections était grand. Une confusion renforcée par des formulaires pour les motions peu clairs pour certains votants.

-Le refus du vote électronique et du vote par correspondance

L’UMP a refusé d’accepter le vote électronique ou le vote par correspondance afin, selon l’organisation, de minimiser le risque de fraude. Seul les votes direct et par procuration ont été donc acceptés. Dans les grosses fédérations, le scrutin est apparu mal organisé, la totalité des adhérents UMP n’ayant pu voter. Pourtant, le parti n'est pas avare de certains votes électroniques.

-L’attente dans certains bureaux qui a reporté l’heure de clôture du scrutin

Il s’agit de la première irrégularité de l’élection, à cause d’une forte affluence dans certains bureaux de vote. Cette affluence a nécessité la prolongation des opérations de vote après 18h, tandis que le dépouillement débutait dans les autres.

François Fillon, député de la 2e circonscription de Paris, a notamment attendu plus d'une heure pour voter dans une école du 7e arrondissement transformée pour l'occasion en bureau de vote. L’argument des files d’attente a été repris par le camp Fillon. Ses soutiens ont imputé ces files, dissuasives selon eux, à un défaut d'organisation.

-L’attitude des candidats et de leurs équipes

A chacun sa victoire, sans attendre un quelconque résultat officiel. Jean-François Copé est le premier à faire le coup médiatique, revendiquant sa victoire à 23h30, suivi de quelques minutes par François Fillon (23h48). Les équipes s’envoient des noms d’oiseaux, à l’instar du clash entre Valérie Pécresse et Franck Riester sur BFM TV, ou encore celui entre Lionel Tardy (pro-Fillon) et les pro-Copé Valérie Rosso-Debord et Sébastien Huyghe sur Twitter. Une attitude catastrophique pour l’image du parti.

« @vrossodebord ... arrêtez de vous enfoncer et de raconter des conneries avec@SebastienHuyghe — Lionel TARDY (@DeputeTardy) Novembre 18, 2012 »

-Les accusations mutuelles de fraude

Les attaques ont fusé dimanche après une fin de campagne tendue. Dans les Alpes-Maritimes, où les deux hommes forts de l'UMP Eric Ciotti et Christian Estrosi soutiennent François Fillon, la maire du Cannet Michèle Tabarot, membre du «ticket» Copé, a dénoncé des «irrégularités». Elle a fait état à Nice de «procurations distribuées à l'intérieur du bureau de vote pendant le déroulement du scrutin» et de «procurations avec des signatures qui ne correspondent pas à la signature de la pièce d'identité présentée». Plus tard dans la soirée, le camp Copé a renouvelé ses accusations de fraudes à Paris, tandis que le camp Fillon soulignait des fraudes à Toulouse (Haute-Garonne). Ce lundi matin, Jean-François Copé a martelé ses accusations de fraudes, dénonçant «un bourrage d’urnes» dans les Alpes-Maritimes.

-Une commission de contrôle incapable

La commission de contrôle du parti, la Cocoe, est apparue incapable de désigner dimanche soir un vainqueur à cette élection. A trois heures du matin, cette commission a finalement stoppé son travail, déclarant impossible, à cette heure de la nuit, de proclamer un résultat officiel et un vainqueur. Patrice Gélard, le président de cette commission, a ainsi déclaré à la presse: «Il nous manque les procès-verbaux de 50% des départements. (…) Nous sommes dans l'incapacité de dire qui a gagné.» Il a ajouté que les travaux de cette commission reprenaient ce lundi à 10h.

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