Blanchiment: Florence Lamblin reconnaît l'illégalité de sa démarche
JUSTICE•L'élue écologiste a rapatrié cet été 355.000 euros placés en Suisse et jamais déclarés...M.Gr. avec agences
L'élue écologiste mise en examen pour blanchiment en bande organisée reconnaît l'illégalité de sa démarche de rapatriement de fonds mais dément avoir eu connaissance de tout blanchiment d'argent de la drogue, selon ses déclarations devant les enquêteurs publiées ce vendredi par Le Parisien.
Florence Lamblin, qui a rapatrié cet été 355.000 euros placés en Suisse et jamais déclarés, dit l'avoir fait de «peur» que son évasion fiscale soit découverte. «Je suis élue. Avoir un compte en Suisse me paraissait risqué et me mettait mal à l'aise», a-t-elle dit aux policiers, d'après le quotidien.
Huit personnes mises en examen
À la question d'un enquêteur lui demandant pourquoi elle n'a pas profité de l'amnistie fiscale proposée en 2010 par Bercy, elle répond: «J'y ai pensé, mais j'avais peur que cela se sache, peur que cela me nuise vis-à-vis de ma fonction d'élue».
Florence Lamblin, adjointe au maire du XIIIe arrondissement de Paris, a été mise en examen samedi pour «blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs» après la saisie de 350.000 euros dans des coffres lui appartenant.
Huit personnes en tout ont été mises en examen dans le cadre de l'enquête sur le démantèlement d'un vaste réseau de blanchiment d'argent de la drogue.
Un compte familial en Suisse
D'après son récit aux enquêteurs, rapporté par Le Parisien, Florence Lamblin a hérité en 2005 d'un compte familial en Suisse, non déclaré, ayant appartenu à son arrière-grand-père et contenant de 450.000 à 500.000 euros. Elle l'a laissé en l'état, et en a retiré environ 9.000 euros tous les ans «pour les dépenses de la vie courante».
En août 2012, elle a toutefois décidé de rapatrier ses fonds en France. Elle a retiré 28.000 euros pour se payer des vacances près de Chamonix, puis son compagnon l'a mise en contact avec un intermédiaire à Genève pour rapatrier le reste.
Cet homme lui a demandé de virer l'intégralité de ses fonds vers un autre compte domicilié en France, puis un certain Marc l'a contactée et lui a remis les 355.000 euros à Paris, par liasses de 10.000 euros transportées dans «un sac de supermarché», rapporte le quotidien. C'est alors que l'élue a été photographiée et identifiée par les enquêteurs.
Régularisation de sa situation
«À aucun moment je n'ai pensé que l'argent provenait d'un trafic de stupéfiants (...) Je pensais que c'était mon argent du compte suisse que je récupérais en liquidités», s'est défendu Florence Lamblin face aux enquêteurs. «Je savais que c'était illégal de rapatrier des fonds», a-t-elle toutefois ajouté.
Après sa mise en examen, Florence Lamblin a suspendu ses activités politiques afin de se consacrer à sa défense. Elle n'a toutefois pas démissionné, malgré les demandes de plusieurs élus socialistes et de deux figures de son propre parti, Eva Joly et Noël Mamère. Elle s'est par ailleurs engagée à régulariser sa situation.