POLITIQUEClaude Bartolone à la rencontre des petites mains du Palais Bourbon

Claude Bartolone à la rencontre des petites mains du Palais Bourbon

POLITIQUELe rendez-vous avec les collaborateurs parlementaires est prévu ce mercredi...
Mathieu Gruel

Mathieu Gruel

Que peuvent-ils réellement espérer de cette rencontre? Ce mercredi à 18 heures, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone rencontre les représentants des attachés parlementaires, ces quelque 2.000 hommes et femmes, qui travaillent pour les députés, dans un flou juridique presque total.

>>Pour découvrir la réalité du travail de collaborateur parlementaire, c’est par ici

Ce sera la première rencontre de ce type, depuis que le bureau de l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité, le 10 octobre dernier, les propositions d'économies du socialiste Claude Bartolone. Un plan présenté par le président de l'Assemblée qui vise à rendre son institution plus économe et plus transparente, dans un contexte de crise et d'austérité.

L’une des mesures envisagées pourrait ainsi bénéficier aux assistants parlementaires. Dans l’idée, la réduction de 10% à compter du 1er janvier 2013 de l'indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), dont bénéficie chaque député, devrait en effet être intégralement mobilisée en faveur de l'amélioration des conditions salariales de ces collaborateurs parlementaires, actuellement payés grâce à un «crédit collaborateur» d'environ 9.000 euro.

Aucun contrôle

Mais pas sûr pour autant que les collaborateurs parlementaires bénéficient de ces 4,4 millions d’euros, générés par cette économie de 10%. «Un député peut très bien décider de reverser à deux personnes de sa famille deux fois 50% de la somme. Ils en ont le droit», détaille ainsi Jean-François Cassant. Voire de faire le choix de ne pas embaucher de collaborateurs du tout.

Le secrétaire général de l’Union syndicale des collaborateurs parlementaires dresse même un tableau bien noir de la situation de ces collaborateurs parlementaires.

«800 personnes lourdées»

Un véritable plan social, qui ne dirait pas son nom, serait d’ailleurs en cours sous les ors du Palais Bourbon. «Il y a déjà eu 800 personnes de lourdées. Un ami, dont le député a été réélu est en train de se faire licencier», détaille-t-il.

D'après Brigitte, attachée parlementaire depuis une dizaine d’années, «le seul moyen pour certains députés de récupérer leur fric, c’est d’embaucher un de leurs cousins ou des membres de leur famille. Il y a une opacité totale sur ces embauches. Et où partent les sommes perçues?» enrage-t-elle. «Moi, je travaillais pour deux députés. Ils envisagent tous les deux de me virer», poursuit-elle.

«Les 10%, on ne les retrouvera pas»

Pourtant pleine de promesse, la rencontre avec Claude Bartolone devrait ainsi cristalliser toutes ces tensions. «Moi je n’en attends pas grand-chose. Les 10%, on ne les retrouvera pas», se désole Jean-François Cassant, qui exerce depuis 15 ans. «Il faudrait demander un véritable statut pour notre profession, ainsi qu’une vérification du nombre de collaborateurs et de leur identité. Il faudrait aussi avoir un moratoire sur les licenciements en cours», insiste Brigitte.

Redoutant qu’il ne s’agisse finalement que d’une simple «opération de com’», Jean-François prévient: «Ce soir, si les mesures ne sont pas à la hauteur, je quitterai la table.»