Transition énergétique: l'Assemblée a entamé des débats focalisés sur le nucléaire
•L'Assemblée a entamé mercredi des discussions au long cours sur le projet de loi sur la transition énergétique, destiné à réduire la dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire, en pleine bataille sur l'avenir de la centrale de Fessenheim.© 2014 AFP
L'Assemblée a entamé mercredi des discussions au long cours sur le projet de loi sur la transition énergétique, destiné à réduire la dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire, en pleine bataille sur l'avenir de la centrale de Fessenheim.
Le gouvernement a «fait le choix de ne pas opposer les énergies les unes aux autres», a affirmé la ministre de l'Ecologie et de l'Energie Ségolène Royal à l'ouverture des débats, vantant «un texte d'équilibre».
La lecture article par article de ce projet phare du quinquennat «relatif à la transition énergétique pour la croissance verte» ne débutera que lundi. Les quelque 2.500 amendements déposés pourraient amener les députés à siéger jusqu'au week-end suivant.
Matignon table sur l'adoption définitive au printemps prochain de ce texte examiné en procédure accélérée (une lecture par chambre), alors que Paris doit accueillir la conférence mondiale sur le climat fin 2015.
Les travaux parlementaires sont suivis attentivement par la société civile, comme l'a illustré un rassemblement aux abords du Palais Bourbon mercredi matin de militants de France nature environnement enchaînés à des boulets marqués des sceaux de Total, EDF et Areva, afin d'appeler les députés à se libérer des «intérêts privés».
Le projet de loi fixe une série d'objectifs: en 2050, la consommation d'énergie doit être diminuée de moitié par rapport à 2012, surtout grâce à un habitat plus économe. L'allègement fiscal pour des travaux de rénovation énergétique est porté à 30%, soit un coût de 930 millions d'euros pour l'Etat au cours des deux prochaines années, selon le projet de budget 2015 présenté mercredi.
Cette ambition de réduction de la consommation, associée à une baisse de 30% des énergies fossiles consommées en 2030, doit aussi permettre au pays de remplir les engagements contre les effets du changement climatique: diminuer les gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030 et les diviser par 4 en 2050.
Promesse de François Hollande, la part du nucléaire devra passer de 75% à 50% à horizon 2025 dans la production d'électricité. Cependant, le projet de loi ne comprend pas la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) à laquelle s'était engagé le candidat Hollande.
- Influence des lobbies -
Mme Royal a dit mardi qu'elle n’excluait pas de fermer d'autres réacteurs à la place de ceux de Fessenheim, pour parer au coût économique et social qu'engendrerait une fermeture de la doyenne des centrales françaises. Ce coût a été évalué rien que pour l'Etat à 5 milliards d'euros dans un rapport des députés Hervé Mariton (UMP) et Marc Goua (PS), un calcul qui témoigne de l'influence des lobbies du nucléaire d'après les écologistes et que la ministre a qualifié de «farfelu».
«C'est votre loi qui est complètement farfelue !» s'est écrié en séance l'UDI Bertrand Pancher : en raison selon lui de l'insuffisance des économies d'énergie et des énergies renouvelables, «personne de sensé ne peut croire que nous atteindrons 50% de part du nucléaire».
Cet objectif chiffré, comme ceux de réduction de la consommation d'énergie, est un «seuil idéologique» aux yeux de l'UMP, dont un des orateurs, Pascal Sordi, a fait un éloge du nucléaire, «énergie propre avec un impact nul en termes d'effets de serre».
Les deux partis d'opposition, qui voteront contre le texte, ont aussi reproché sa méthode au gouvernement. «Où est le bon temps du Grenelle de l'environnement avec un consensus construit en amont !», lors du précédent quinquenat, a regretté l'UMP Martial Saddier.
«Lors du Grenelle, la gauche (alors dans l'opposition) a refusé le sectarisme, et l'a voté», a rétorqué Mme Royal.
De son côté, la gauche soutient le texte, des radicaux de gauche et communistes plutôt favorables à un texte «ambitieux», aux écologistes qui ont pesé sur son contenu depuis ses prémisses et qui veulent tenter d'aller «encore plus loin» en séance.
L'ancienne ministre EELV Cécile Duflot, qui dans un livre récent, «De l'intérieur», affirme que «l'écologie ne fait pas vraiment partie (du) périmètre intellectuel» de François Hollande, a prévenu avant les prochains débats budgétaires: «On ne peut pas exprimer de bonnes intentions et ne pas se donner les moyens et la volonté politique d'aller jusqu'au bout.»
Développement aidé des énergies renouvelables, valorisation des déchets, «chèque-énergie» pour les ménages modestes, soutien à l'essor de la voiture électrique: le projet de loi contient par ailleurs quantité de mesures multi-sectorielles, enrichies en commission.