Visite guidée des pavillons de l'Exposition universelle
Diaporama•Charlotte Gonthier
Le monde entier a rendez-vous à Milan: l'Exposition universelle, qui a ouvert ses portes le 1er mai pour six mois, réunit 145 pays autour du thème "Nourrir la planète". C'est donc une immense auberge espagnole (bien qu'italienne) qui a pris ses marques au nord de la capitale lombarde. Bravant les files d'attente interminables, les groupes d'écoliers braillards et la tentation de s'arrêter grignoter à tous les stands, 20 Minutes a sélectionné pour vous les pavillons à visiter.
Reportage: Audrey Chauvet, à Milan
On est pas chauvins, mais on va quand même commencer par le pavillon français. Ce beau bâtiment en bois du Jura, entièrement démontable et remontable, abrite toutes les spécialités françaises, des superstars comme la baguette, le vin et le fromage, aux Petit Beurre, huîtres, Cognac, olives, saucissons, macarons et les cornichons... Blurp.
Notons que le pavillon hexagonal est entouré par ceux du Vatican et d'Israël: la France, terre sainte de la ripaille.
Continuons avec les clichés et entrons dans le pavillon britannique armé d'un parapluie. Au milieu des herbes folles, nos voisins rosbeef ne parlent pas beaucoup d'alimentation mais plutôt d'abeilles.
Une fois traversé le labyrinthe de coquelicots, on peut ainsi admirer une structure représentant les alvéoles d'une ruche. Et boire une bière au bar voisin, of course.
Pour en prendre plein les mirettes, il va falloir aller un peu plus loin. Dans le pavillon du Koweit par exemple, où l'entrée pleine de sable vous mène à une pièce noire dans laquelle un orage est simulé. Impressionnant et symbolique du "miracle de l'eau" que les Koweitiens cherchent à accomplir.
Même préoccupation pour Israël, dont le pavillon nous emmène dans un show durant lequel une charmante jeune femme nous explique comment le pays a remédié à sa sécheresse en construisant des canaux d'irrigation.
Pendant ce temps, en Suisse, on se targue d'être une source d'eau pour toute la région. Le monde est injuste.
You're talking to me? Barack te parle. Il te dit que c'est cool d'être à Milan et que c'est cool de visiter le pavillon américain. Que ce serait super cool surtout que 9 milliards d'humains puissent "prospérer". Pas de souci à se faire pour les fleurons de l'économie américaine: Coca-Cola a son propre pavillon sur l'expo et le MacDo ne désemplit pas.
Visiter l'Exposition universelle, c'est faire des rencontres inattendues, mais c'est aussi savoir patienter. Une heure de queue pour entrer dans le pavillon, dessiné comme une dune de sable, des Emirats arabes unis. On se contentera d'un selfie.
Allons plutôt nous amuser du côté du Brésil dont l'entrée du pavillon est un filet tendu au dessus d'une mini forêt amazonienne. Mais à l'intérieur, on préfère parler des performances de l'agriculture brésilienne que de déforestation.
Pour se remonter le moral, direction l'Autriche, qui ne fait pas pousser grand-chose mais qui laisse ses arbres et ses montagnes faire le boulot. Jouant sur le mot "brEAThe", l'Autriche veut nous nourrir de bon air pur.
L'air pur, c'est bien, le chocolat, c'est mieux. Direction la Belgique, un des rares pays à offrir quelque chose à se mettre sous la dent: un peu de chocolat fabriqué en direct et un petit spéculoos offert à l'entrée mettent de bonne humeur. A la sortie, on peut aussi déguster des bonnes frites belges avec une bière. La Belgique a tout compris.
Une fois rassasié, on peut envisager d'aller faire un tour sur le très aride pavillon chinois. Dans ce pays qui rencontre de sérieuses difficultés à nourrir sa population, la question "Qui nourrira la Chine" est posée mais on cherche encore les réponses. En revanche, on est tranquilles sur une chose: les Chinois auront les dernières cuisines connectées à la mode.
Eux aussi se sont lancés dans la prospective, mais plutôt par nécessité: le sultanat d'Oman développe les techniques de culture aquaponiques, reposant sur les interactions entre plantes et poissons qui permettent de recycler l'eau des bassins piscicoles.
Car pour beaucoup de pays, la question de se nourrir est surtout la question de l'eau: comment cultiver sans eau? Comment le changement climatique va encore aggraver les sécheresses? Comment éviter des conflits liés à l'accès aux ressources en eau? Dans le pavillon du Saint-siège, on rappelle que famines et guerres sont souvent liées. Et on vous offre un magnet du Pape pour vous le rappeler chaque fois que vous ouvrirez votre réfrigérateur.
Et demain, on mange quoi? Allons faire les courses au supermarché du futur pour le savoir. Si les produits sont les mêmes que ceux que l'on consomme aujourd'hui, c'est surtout la présentation qui a intéressé la chaîne de supermarchés italiens Coop. Des écrans interactifs traquent nos mouvements pour nous donner toutes les informations sur la courgette que nous sommes en train d'envisager en gratin: analyse nutritionnelle, impact environnemental, origine,... Prévoyez deux heures de plus pour les courses du samedi.
Une fois le panier rempli, petit tour sur le pavillon polonais qui, après une ballade bucolique sur du Chopin, nous propose des recettes roboratives sur une grosse tranche de pain.
Si le dîner polonais vous a plombé, direction la sieste au pavillon de l'Allemagne, qui joue la carte cool en Birkenstock. La jeune femme qui dansait n'a pas dû beaucoup fréquenter le stand curry wurst.
Il vaut mieux avoir la tête reposée pour s'attaquer au pavillon russe, qui nous met face à un mur d'éléments chimiques représentant tout ce que notre alimentation contient.
Les plus téméraires peuvent essayer le cocktail russe offert. Composition inconnue. Effets indésirables aussi.
Pour étancher sa soif, on va plutôt retourner au pavillon de la France, dont les bouteilles trônent à côté du fromage. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, et puis est retourné boire un coup à la maison.