URBANISMELa nature pousse les murs en ville

La nature pousse les murs en ville

URBANISMELa Cité de l'Architecture consacre une très belle exposition à la place de la nature en ville. Des projets venus du monde entier nous montrent comment les architectes et paysagistes recréent des espaces verts pour faire respirer nos cités…
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

Friches végétales, espaces boisés, toitures végétalisées, aménagement de berges… Partout dans le monde les espaces urbains se mettent au vert. La Cité de l’architecture et du Patrimoine à Paris (16è) a du coup décidé de consacrer l’année 2011 à la place de la nature en ville. Le cycle «Ville et Nature» se décline en deux expositions complémentaires, «La ville fertile» et «Roberto Burle Marx», un zoom sur l’un des pères du paysage moderne.

«Les villes sont de plus en plus grandes, nous sommes de plus en plus nombreux, nous consommons de plus en plus de surfaces naturelles», explique à 20 Minutes Nicolas Gilsoul, commissaire-scénographe de la première partie de l’exposition «La ville fertile», intitulée «L’objet du désir». «La nature disparaît mais grandit dans notre imaginaire, et cela donne naissance à des projets de villes. De nouvelles cités se mettent en place, et ce n’est pas du décorum.» Le «green washing existe», admet l’architecte, mais les seize projets qu’il a retenus, en France et à l’étranger, sont eux «emblématiques» des aménagements paysagers urbains d’aujourd’hui.

De Chicago à Torcy…

«Ce qui m’intéresse c’est de regarder de quelle façon nous devons composer avec ce que l’on a. Quand une ville s’étale, il faut travailler sur les mailles distendues, occuper les vides qui se sont créés. Comme à Chicago où l’on a végétalisé les toitures des grands blocs pour absorber le trop-plein de pluie et réguler le climat.» En région parisienne deux projets ont retenu l’attention de l’architecte: celui de «Vallée Seine Rive Gauche» sur les villes de Sèvres, Meudon, et Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et celui de «Bords de Marne» à Noisiel-Torcy (Seine-et-Marne).

Le projet de Vallée Seine devrait être livré en 2016. Il se déploie sur un territoire de friches et de parkings délaissés en bord de Seine. L’expansion du fleuve lors des crues sera guidée pour éviter les inondations, et les eaux pluviales seront récupérées. «Bords de Marne» est lui un projet de parc paysager, dont les travaux ont déjà commencé. «La collectivité a pris un vrai risque avec ce projet, assure Nicolas Gilsoul, car c’est un vrai pari de créer un parc destiné au grand public, mais qui sera volontairement inondé une partie de l’année, pour protéger l’agglomération des crues. Ce parc est à l’image des nouvelles pensées qui se mettent en place.»

Quand la nature reprend ses droits à Buenos Aires

Ce qui passionne l’architecte, c’est aussi la façon dont la nature reprend ses droits. «On voit dans certaines cités où l’on a réintroduit la nature, que de nouvelles relations se mettent en place, certains oiseaux de proie ont adapté leur alimentation et se nourrissent de moineaux plutôt que d’insectes. On bouleverse la nature mais elle retrouve son équilibre.» Son exemple préféré pour illustrer ces propos se trouve à Buenos Aires. C’est l’histoire d’une «promenade littorale créée dans les années 1920, très vite devenu le haut-lieu où l’on allait se baigner. Après avoir été abandonnée la pollution s’y est installée, l’endroit est devenu une véritable déchetterie. On a décidé de remblayer l’endroit. Puis la nature a reconquis le site. Il est aujourd’hui entièrement dépollué, et c’est redevenu une promenade…»

«La ville fertile», jusqu’au 24 juillet. 1, Place du Trocadéro à Paris. Fermeture hebdomadaire le mardi. www.citechaillot.fr