Peut-on encore manger de la viande?
SALON DE L'AGRICULTURE•Les éleveurs prônent moins de consommation mais de meilleure qualité...Audrey Chauvet
Thème central du salon, l'élevage bovin n'a pas la cote. Santé, environnement, bien-être animal… Faut-il bannir la viande de nos assiettes? Yves-Marie Le Bourdonnec, boucher à Asnières, a tranché. «Je peux comprendre la vocation de certains à devenir végétariens quand je vois ce que l'on peut parfois proposer dans les commerces et GMS, mais c'est utopique de penser que l'on supprimera les grandes surfaces, et tout le monde à droit à consommer une viande bonne et saine. Je préfère proposer un changement de production, nous devons remettre les vaches dans les prés et favoriser les races mixtes qui permettent un élevage à l'herbes sans ajout de céréales. Il n'est pas question de penser que la bonne viande est réservée aux nantis et que les autres se contenteront du reste.»
Si dans les supermarchés la viande provient surtout de vaches laitières en fin de carrière, certaines régions françaises produisent encore une viande de qualité. Le Cantal par exemple, où Bruno Dufayet élève des salers: «Il n'y a pas d'industrialisation des élevages en France. Je serai le premier à le condamner», assure-t-il. Ses vaches mangent de l'herbe et du foin en hiver: on est loin des «feed lots» américains, ces fermes immenses où les vaches grossissent en un temps record, sans jamais voir un brin d'herbe.
«Nous voulons l'égalité entre hommes et animaux»
Les éleveurs se disent victimes d'accusations infondées: «En France, les fermes comptent en moyenne cinquante vaches», explique Jean-Marc Bèche, de la Confédération nationale de l'élevage. Pour lui, le système français est productif et écologique grâce à des petites fermes qui nourrissent leurs bovins avec leurs terres, traitées naturellement. Mais cette qualité a un prix: une entrecôte achetée chez Yves-Marie Le Bourdonnec coûte environ 50 € le kg.
«On peut manger moins de viande, mais de meilleure qualité», conseille la Protection mondiale des animaux de ferme (PMAF), organisation pour le bien-être animal. Deux fois par semaine, un steak de bonne qualité, label rouge ou bio, ne mettrait pas la santé en péril. Devenir végétarien relève plutôt d'un choix éthique: «Nous rejetons tout type d'élevage et voulons l'égalité entre hommes et animaux», explique Brigitte Gothière, de l'association pro-végétarisme L214.
>> Et vous, mangez-vous moins de viande ou êtes-vous végétarien? Avez-vous peur pour votre santé ou pensez-vous que l'élevage nuit à l'environnement? Donnez votre avis dans les commentaires ci-dessous.