PLANETEPourquoi le bio est-il si cher?

Pourquoi le bio est-il si cher?

PLANETELes prix du bio décryptés...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Les fruits et légumes bio jusqu’à 70% plus chers que les produits conventionnels: c’est ce que révèle une étude publiée ce mardi. De quoi hésiter à remplir son panier de produits biologiques. Mais derrière le ticket de caisse se cachent des enjeux de santé publique, d’environnement et d’économie locale.

Remonter la filière bio pour expliquer son prix

Plusieurs raisons justifient les prix du bio. Hugues Toussaint, fondateur de l’association Bio Consom’acteurs, les détaille pour 20minutes.fr: «Les paysans utilisent plus de main d’œuvre (20% de plus en moyenne que dans le conventionnel) et cela coûte cher, même s’ils font des économies sur les produits chimiques, puisqu’ils n’en utilisent pas. La productivité est moindre en bio: les fruits et légumes ne sont cueillis que lorsqu’ils sont mûrs naturellement, les fermes sont plus petites. Enfin, le paysan est mieux payé pour son travail: il ne vend pas à un prix inférieur à son coût de revient, contrairement à ce qui se passe avec les producteurs de lait par exemple».

Interrogé par 20minutes.fr, Claude Gruffat, PDG du réseau de distribution Biocoop, confirme: «L’aspect volume intervient de manière évidente. Avec un tonnage par hectare inférieur à celui du conventionnel, il est impossible de réaliser des économies d’échelle». Toutefois, il estime que sur les fruits et légumes de saison le différentiel de prix ne doit pas excéder 5 à 10%: «Dans mon magasin, sur les produits de saison, comme en ce moment pour les tomates ou les salades, le différentiel est nul».

Les coûts cachés du non-bio

Le bio est peut-être cher à la caisse, mais le conventionnel aurait des coûts cachés, des «coûts environnementaux et de santé que l’on paye indirectement par les impôts» explique Hugues Toussaint. «Il faut épurer l’eau polluée par les engrais, payer les frais de santé occasionnés par la consommation de pesticides... Les impôts pourraient être utilisés pour développer le bio au lieu de pallier aux conséquences de l’agriculture conventionnelle».

Une vision à long terme semble donc nécessaire pour établir un comparatif fiable: «L’étude menée sur une courte période (seulement deux relevés de prix) ne dit pas grand-chose sur la réalité d’un panier de fruits et légumes. La comparaison entre bio et conventionnel est hasardeuse, car il y a trop de paramètres à prendre en compte», plaide Claude Gruffat.

Le biais de la grande distribution

Le bio en grandes surfaces en a facilité l’accès mais a aussi introduit un biais dans les comparatifs de prix: «Le ré-emballage pour différencier bio et non-bio et la forte marge de la grande distribution entraînent un différentiel de prix de 20 à 25% entre grandes surfaces et magasins spécialisés», rappelle Hugues Toussaint.

Claude Gruffat confirme: «La grande distribution gère les produits bios comme des produits de niche, avec une marge plus élevée. Pour compenser, ils importent les produits de pays où les salaires sont de quelques euros par jour».

«Plus cher, mais plus juste»

«L’accessibilité est un vrai souci pour nous, déclare Claude Gruffat. Chez Biocoop, nous pratiquons des prix lissés, nous nous approvisionnons localement et nous ne faisons pas de produits de contre-saison».

Pour Hugues Toussaint, permettre à un agriculteur de vivre de son métier en France justifie le surcoût du bio: «Le bio revendique d’être plus cher, mais aussi plus juste. Le consommateur est-il prêt à payer plus cher pour créer de l’emploi?», se demande le président de l’association Bio Consom’acteurs.