SANTEL'huile de palme, passagère clandestine de nos repas

L'huile de palme, passagère clandestine de nos repas

SANTECette huile est présente dans de nombreux aliments mais souvent de manière anonyme...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Un scandale alimentaire. C’est ainsi que le nutritionniste Jean-Michel Cohen qualifie la dissimulation de l’huile de palme derrière les appellations «huile végétale» ou «matière grasse végétale» dans de nombreux produits alimentaires. Biscuits, mayonnaise, céréales, plats sous-vides,... l’huile de palme se taille la part du lion dans les matières grasses utilisées par les industries agroalimentaires. Mais sa teneur en acides gras saturés en fait une menace pour la santé.

Une huile plus nocive que le saindoux

Utilisée traditionnellement dans la cuisine africaine, où elle est mélangée avec d’autres huiles locales, l’huile de palme pose problème lorsqu’elle est consommée en trop grande quantité. Sa teneur élevée en acides gras saturés pourrait favoriser l’apparition de maladies cardiovasculaires. Même le saindoux de nos grands-mères ne contenait pas autant d’acides gras saturés...

Les consommateurs soucieux de leur santé devraient donc pouvoir contrôler leur consommation d’huile de palme. Problème: les étiquettes des aliments ne la mentionnent que rarement, préférant utiliser l’appellation vague d’huile végétale. Pourtant, les industriels en mettent partout. Même certains produits bio en utilisent, des filières d’huile de palme «durable» ayant été créées. Pourquoi une telle volonté de cacher la présence de cette huile?

Déforestation et maladies cardiovasculaires

Issue du palmier à huile cultivé en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie, l’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée au monde. Plébiscitée par les industriels pour son faible coût de production (le rendement à l’hectare du palmier à huile est dix fois plus élevé que celui du soja) mais aussi pour sa stabilité (elle peut être stockée sous forme solide et permet de conserver les aliments), l’huile de palme pose plusieurs problèmes.

Pour l’environnement tout d’abord. Les pays producteurs, attirés par la manne financière qui s’offraient à eux, ont massivement abattu leurs forêts pour les remplacer par des plantations de palmiers. L’habitat naturel de certaines espèces, notamment les orangs-outangs en Indonésie, a ainsi disparu, mettant leur existence en danger. Nestlé a été victime, début 2010, d’une campagne de Greenpeace dénonçant l’utilisation d’huile de palme dans ses barres Kit-Kat. La peur d’une dénonciation publique de la part des ONG peut donc expliquer la pudeur des industriels quant à l’origine de leur huile.

Les industriels courent également le risque d’être attaqués par les médecins ou les malades, les méfaits de l’huile de palme sur la santé étant de plus en plus dénoncés par les nutritionnistes.

Une bombe à retardement pour les industriels

La surconsommation involontaire d’huile de palme par les Occidentaux est une bombe à retardement que les industriels tentent de désamorcer. Ainsi, Findus, Harrys, LU et certaines marques de distributeurs ont déjà limité leur utilisation de cette huile. Les surgelés Findus (à l’origine d’une étude sur la consommation d’huile de palme des Français) ont même quasiment supprimé l’huile de palme de leurs produits, et l’ont remplacé par de l’huile de colza, riche en acides gras polyinsaturés, ou de l’huile de tournesol dont l’apport nutritionnel est meilleur.

Pour que l’information des consommateurs soit transparente, il reste une faille législative à combler: obliger tous les industriels à mentionner clairement la présence d’huile de palme dans leurs produits. Si les consommateurs ne l’exigent pas, ce ne sont pas les orangs-outangs d’Indonésie qui pourront arrêter la frénésie des industriels.