Récolte : Aura-t-on assez de muguet pour le 1er mai?
AGRICULTURE•Près d’un tiers de la production de muguet pourrait manquer pour le 1er mai…R.S.
Dans les champs, les clochettes se font de plus en plus rares sur les plants de muguets. Six jours après le début de la récolte, les producteurs de muguet déplorent la piètre qualité de leur production, à quelques jours du 1er mai. Résultat, il devrait manquer « entre 5 % et 30 % » des fleurs porte-bonheur sur les étals, regrette Patrick Veron, conseiller technique muguet à la fédération des maraîchers nantais.
« C’est la première année que je vois ça depuis 1999. On peut dire que c’est une année exceptionnelle », poursuit le responsable. Pour expliquer cette situation critique, il faut se tourner vers le ciel. Cette année, il a fait trop chaud en hiver pour que le muguet se développe correctement. Et trop froid au printemps, la période d’ouverture des clochettes. « Le muguet a besoin de phase de repos végétatif en hiver, indique le spécialiste. Elle est respectée si on a froid. Mais là, en sortie d’hiver, on a un plant de muguet peu vigoureux. C’est comme si on vous demandait de piquer un 100m le matin au saut du lit le lendemain d’une bringue. »
Des brins au rabais ?
Cette gueule de bois se traduit donc par des plants en mal de clochettes (comptez en 4-5 pour un brin digne de ce nom), qui fleurit désormais au compte-gouttes. Pour les fleuristes, plusieurs solutions se présentent désormais. 1. Abaisser les critères de qualité des brins, qui pourraient ne posséder que 2 ou 3 clochettes. 2. Augmenter légèrement le prix du brin pour compenser le manque à gagner. « Ça, c’est difficile à dire car les producteurs négocient bien en amont leurs prix avec les grossistes, les centrales d’achat de fleurs (28 centimes pour du haut de gamme entre producteur et distributeur). Ces gens-là réservent le muguet avant la cueillette », souffle Patrick Veron.
Pour le consommateur, il reste néanmoins une solution : le muguet en pot. Celui-ci a grandi dans des conditions parfaites, sous serre, et la production 2017 s’annonce forcément fournie. « En fait, pour nous, il n’y a pas de problème, se réjouit Marie-Christine, productrice Gardanne. Quand on fait du muguet en pot, on reçoit des griffes congelées qu’on plante au mois de mars sous serre. On régule la pousse, la floraison. C’est plus facile que le brin coupé. » Mais forcément plus cher à l’arrivée. Pour un pot de muguet du 1er mai, comptez 3,80 euros contre 1,5 euro pour un brin classique.