Fuite de méthane en Californie: Quelles conséquences pour l’environnement?
CLIMAT•L’Etat d’urgence a été déclaré ce mercredi en Californie en raison d’une fuite massive de méthane…Audrey Chauvet
Une fuite « incomparable, catastrophique » : depuis le 23 octobre, un puits de gaz en Californie laisse s’échapper chaque jour entre 30.000 et 58.000 kilos de méthane par heure dans l’air. Ce mercredi, le gouverneur de Californie a décrété l’Etat d’urgence et a fait évacuer des milliers de résidents des environs.
>> VIDEO : L’état d’urgence déclenché en Californie à cause d’une fuite de méthane
Des adjuvants toxiques
Beaucoup de voisins du puits accidenté s’étaient plaint de maux de tête, nausées et saignements de nez. « Le méthane en lui-même n’est pas toxique mais les produits que l’on ajoute dans les puits peuvent l’être », explique Philippe Bousquet, professeur à l’observatoire des sciences de l’univers de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Ces adjuvants, destinés notamment à signaler une fuite de méthane inodore par leur mauvaise odeur, peuvent aussi être nocifs pour l’environnement : « Ils peuvent avoir un impact en termes de pollution et sur la végétation », estime Philippe Bousquet.
Le méthane n’est dangereux que lorsqu’il est présent en très grande quantité dans un espace confiné : c’est ce qui se passe lors des « coups de grisou » dans les mines. « Le seul danger du méthane est une concentration importante qui le rend explosif, poursuit Philippe Bousquet. Mais cela est peu probable lorsqu’il se disperse dans l’air. »
Un fort pouvoir de réchauffement
Reste que le méthane est un gaz à effet de serre puissant : on estime que son pouvoir de réchauffement est 80 fois supérieur à celui du CO2. La fuite californienne pourrait-elle aggraver significativement le réchauffement climatique global ? « Les Etats-Unis émettent en moyenne 50 millions de tonnes de méthane en un an, cette fuite pourrait représenter une proportion certes faible mais non négligeable des émissions annuelles du pays si elle durait », précise le chercheur.
L’autorité de la qualité de l’air en Californie estime qu’actuellement la production de gaz à effet de serre de la région a augmenté de 25 %. « Nous ne pourrons évaluer son impact que lorsque la fuite sera définitivement arrêtée et que nous bénéficierons de chiffres », a déclaré David Clegern, porte-parole de l’agence gouvernementale. Sans oublier qu’aux Etats-Unis, des fuites de méthane plus discrètes mais tout aussi dangereuses se produisent régulièrement dans les puits de gaz de schiste : « On ne connaît pas très bien l’amplitude de ces fuites aux Etats-Unis, mais le méthane qui fuit peut représenter la moitié du volume de gaz extrait », rappelle Philippe Bousquet.