CLIMATCOP21: « Task force », «petits» pays, nourriture... Comment la diplomatie française a construit ce succès

COP21: « Task force », «petits» pays, nourriture... Comment la diplomatie française a construit ce succès

CLIMATLa plupart des intervenants saluent le travail de la diplomatie française lors de ces quinze jours finaux de négociations pour arriver à un accord...
Maud Pierron

M.P. avec AFP

Une victoire pour la planète mais aussi, de manière beaucoup plus pragmatique, pour la diplomatie française. Cette COP21 « historique », selon les mots de Laurent Fabius signe un succès pour la France et sa diplomatie.

Des menus détails -tels les sandwiches ou les navettes- jusqu’au point cruciaux -la tenue des débats, le suivi attentif des négociations et les navettes diplomatiques-, l’organisation minutieuse de la France, qui a tiré les leçons du fiasco de Copenhague, ont été largement saluées par les participants.

« La diplomatie la plus habile depuis plus de deux décennies »

« C’est assez irréel pour une COP (…). Ils ont été très efficaces », souligne Tasneem Essop, du WWF, habituée de ces rendez-vous. « C’est la diplomatie la plus habile que j’ai vue depuis plus de deux décennies que j’assiste à ces réunions », a même souligné Al Gore, ex-vice-président et Prix Nobel de la Paix pour son engagement en faveur du climat.

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Même Arnold Schwarzenegger, très engagé contre le réchauffement climatique, y est allé de son tweet, saluant, entre autres, le travail du président français et de son ministre des Affaires étrangères :

« Congrats Sec Gen Ban Ki-moon, @fhollande, @LaurentFabius & the negotiators at #COP21. Now it’s time to get to work. pic.twitter.com/MQ2HuY7mdQ — Arnold (@Schwarzenegger) December 12, 2015 »

C’est Laurent Fabius, d’ailleurs, qui a été à la manœuvre, avec son équipe, lors de ces 15 jours de négociations serrées. « J’ai mobilisé notre réseau diplomatique (le 2e au monde), mis à profit mes contacts internationaux, organisé des réunions internationales, choisi une équipe », a expliqué le ministre, depuis son bureau sans fenêtres du Bourget. Cheville ouvrière du processus : Laurence Tubiana, universitaire et négociatrice respectée, s’entoure de juristes, diplomates, ingénieurs. Une « task force » s’installe au Quai d’Orsay, une autre au ministère des Finances.

L’ardeur du converti François Hollande

« Cela rappelle que la France est une grande diplomatie », souligne Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. « Des conférences de cette ampleur il y en a une ou deux par décennie, et c’est une manoeuvre compliquée à mener. C’est un succès pour Laurent Fabius qui s’est impliqué, pour François Hollande qui a porté ce sujet au niveau des chefs d’Etat ».

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François Hollande, avec l’ardeur du nouveau converti, s’est mobilisé notamment sur la question des financements aux pays du Sud. Laurent Fabius ira 12 fois en Chine, 4 fois en Arabie saoudite, autant en Inde… En pleine crise syrienne, avant la COP, il retourne en Inde, en Afrique du Sud, au Brésil.

Il faut aussi ancrer la confiance des petits pays, alors que l’on vise un accord universel, incluant les pays du Sud souvent soupçonneux que l’accord ne se fasse dans leur dos. Seyni Nafo, du groupe Afrique, salue la « transparence » des Français : « aucune arrogance ni prétention ».

De l’importance stratégique de la nourriture

Pour Laurent Fabius, « une raison de l’échec de Copenhague est que la préparation n’avait pas été suffisante ». Autre leçon danoise, l’idée de faire venir les chefs d’Etat à l’ouverture de la conférence, non à la fin. « Quand je discute avec les négociateurs, je leur rappelle "votre patron a dit qu’il fallait arriver à un résultat" », explique Laurent Fabius.

« Il y a une méthode pour présider les réunions », poursuit-il : « il faut être à l’écoute, sentir s’il y a de l’électricité dans l’air, faire qu’elle s’exprime. Et fixer des délais. Après, il y a un moment un peu compliqué qui consiste à savoir terminer une négociation ». « Et toujours être courtois, la courtoisie consistant aussi à ce que la nourriture soit bonne », ajoute le ministre français des Affaires étrangères : « je m’en suis occupé aussi. » « Napoléon disait qu’une armée marche à l’estomac », souligne l’Américain Daniel Reifsnyder, « c’est la même chose pour des armées de négociateurs ».