COP21: Une nouvelle version de l’accord présentée ce jeudi soir, Laurent Fabius reste confiant
CLIMAT•La version publiée ce jeudi à 21h laisse encore quelques points cruciaux en suspens…Audrey Chauvet
L’accouchement se fait au forceps : ce jeudi soir, à 21h, après plusieurs reports de l’heure de publication, l’avant-dernière (on l’espère) version de l’accord sur le climat est enfin sortie de la manche de Laurent Fabius. Négociée depuis mercredi soir par les négociateurs qui ont passé la nuit à discuter crochets et options, cette version est très élaguée : il ne reste plus qu’une cinquantaine de crochets (48 très précisément), c’est-à-dire de formulations qui n’ont pas encore fait l’objet d’un consensus entre les 195 pays participant à la COP21.
« 27 pages et moins de 50 crochets…. gros toilettage du projet d’accord. @COP21 — Elena Sender (@Elenasender) December 10, 2015 »
Des points cruciaux encore entre crochets
Le président de la COP, Laurent Fabius, a déclaré ce jeudi soir que cette version du texte laisse « encore entre crochets des points cruciaux, les plus complexes d’ailleurs » mais qu’il était confiant de parvenir à un accord pour vendredi.
« .@LaurentFabius "Sur la base des progrès accomplis, je pense être en mesure de présenter demain au Comité ma proposition de texte final" — COP21 - Paris 2015 (@COP21) December 10, 2015 »
Pour cela, il faudra évidemment faire des compromis. Les points majeurs qui restent à préciser portent sur le financement et la différenciation : qui devra donner de l’argent à qui, quand et combien. Quelques points ont avancé, notamment « pour les financements post-2020, l’option ambitieuse a été choisie, avec des cycles de révisions à la hausse », se félicite Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH).
« Le nouveau texte souligne l’importance de fixer un nouvel objectif de financements pour la période après 2020 couvrant à la fois l’adaptation au changement climatique et l’atténuation. C’est un signal encourageant qui montre que les besoins des pays en développement ont été reconnus », ajoute Romain Benicchio, porte-parole d’Oxfam France.
« #COP21 art 6 progrés sur financements ? Le chiffre de 100 milliards/an est en effet sorti pour la 1ère fois des crochets — Arnaud Gossement (@ArnaudGossement) December 10, 2015 »
Des efforts pour atteindre 1,5°C
La question de l’objectif à atteindre a également été réglée : le texte prévoit de « contenir la hausse des températures moyennes mondiales bien en dessous de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle et de poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C ». Un compromis entre ceux qui demandaient un objectif de 1,5°C, notamment les petites îles comme les Maldives qui risquent déjà d’avoir les pieds dans l’eau avec 1,5°C de plus, et les pays moins ambitieux. Un des points qui devrait faire grincer des dents est la disparition du prix du carbone de l’accord. Il n’en est fait mention que pour les entreprises, les institutions financières, les villes… mais pas pour les Etats.
« #COP21 L’objectif de 1,5°C : "Poursuivre les efforts" et non "contenir" l’élévation comme pour 2°C. Compromis mais disposition imprécise — Arnaud Gossement (@ArnaudGossement) December 10, 2015 »
Autre regret des ONG : pour le moment, la date de la première révision obligatoire des INDC, les plans nationaux fixant les objectifs de réduction des émissions de carbone, est en 2025 quand les ONG voudraient qu’elle ait lieu bien plus tôt. « Il faut rester vigilant pour que les révisions des engagements soient le plus tôt possible afin de ne pas rester coincés dans une trajectoire à 3 degrés », estime Pascal Canfin, conseiller principal pour le climat du World Resources Institute et ancien ministre du Développement.
« Révision engagements Pays 2025 trop tardive. @fondationhulot appelle pays les + ambitieux à lancer initiative volontaire pour révision 2018 — Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) December 10, 2015 »
Une nuit en « Indaba »
Les délégations avaient jusqu’à 22h30 pour étudier le texte, elles vont maintenant repartir en négociations pour une bonne partie de la nuit. Ils vont se réunir en « Indaba », un mot zoulou désignant les réunions de villageois où l’on palabre, pour tenter de trouver les derniers compromis. Le texte final risque de ressembler à un patchwork mêlant des positions très ambitieuses à des phrases ambiguës. Le meilleur moyen d’obtenir un succès sans froisser personne ?