Intempéries sur la Côte d'Azur: Faut-il accuser le réchauffement climatique?
CLIMAT•Les scientifiques restent prudents sur la question…Audrey Chauvet
«Il y a toujours eu des catastrophes, mais leur rythme, leur intensité se sont renforcés » : dimanche, le président François Hollande venu au chevet des sinistrés de la Côte d’Azur a clairement fait le lien entre les intempéries dévastatrices du week-end et la conférence sur le climat qui aura lieu à Paris à la fin de l’année. Raccourci ou simple bon sens ? Les scientifiques sont prudents pour répondre à la question.
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« Nous n’attribuons pas directement ce qui arrive actuellement au réchauffement climatique, explique le climatologue Jean Jouzel à 20 Minutes. Il y a bien sûr un lien entre la température de la Méditerranée et la survenue de tels événements, mais il faut être très prudent quand on parle de modifications de la survenue d’un phénomène et nous devons nous baser sur des statistiques sur une période longue. »
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« Une intensification de ce genre d’événements »
Le phénomène de pluies violentes qui s’est abattu sur la Côte d’Azur n’est pas inhabituel. Les « épisodes cévenols » sont bien connus des météorologues : de l’air chaud s’évaporant de la Méditerranée remonte vers le nord où il se heurte à des barrières montagneuses. L’air chaud et humide monte alors en altitude où il rencontre de l’air froid et les nuages se transforment en orages qui peuvent être très violents. « Dans les modélisations, nous envisageons une intensification de ce genre d’événements car plus l’océan se réchauffe, plus il y a de masses d’air chaud », précise Jean Jouzel.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), auquel appartient Jean Jouzel, a plusieurs fois alerté sur la multiplication attendue des inondations, sécheresses ou vagues de chaleur dans les prochaines décennies à cause du réchauffement climatique. Mais pour le moment, attribuer l’intensité de cet épisode cévenol au changement du climat n’est qu’une intuition, pas une démonstration scientifique. Des chercheurs français rassemblés dans le programme HyMeX récoltent actuellement des données sur les phénomènes météo du pourtour méditerranéen afin de mieux en connaître les caractéristiques. Et peut-être bientôt être en mesure d’affirmer que les inondations sont, ou non, la conséquence du réchauffement climatique global.